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28 novembre 2013

Formation en ligne sur les soins aux aînés à l’intention des prestataires de soins communautaires

Marney Vermette, agent de liaison pour l’engagement communautaire, Programme des  Premières Nations Sainte-Elizabeth, Métis et Inuits.

Dans le cadre du poste d’infirmière superviseure d’un programme de soins à domicile et de soins communautaires pour les Premières Nations que j’occupais auparavant, j’avais pu constater qu’il y avait de grands défis à relever en matière de formation pour les prestataires de soins; cette formation devait être à la fois abordable, accessible et adaptée sur le plan culturel, répondre aux besoins et correspondre aux réalités des peuples autochtones. Obtenir une formation au sein même de la communauté était souvent impossible pour les prestataires de soins. Quitter leur communauté pour être formé ailleurs aurait plusieurs effets négatifs sur les prestataires et sur la communauté – la continuité des soins à leurs clients en souffrirait et cela accroîtrait le fardeau pour les familles et la collectivité en plus d’être un véritable gouffre financier pour le budget de la communauté, déjà en situation précaire. Ces problèmes étaient particulièrement répandus dans les communautés éloignées. 
Obtenir un certificat de préposé aux services de soutien à la personne prendrait des années au personnel des soins à domicile de la communauté. Ces personnes devraient quitter leurs familles, leur communauté et leur emploi plusieurs semaines à la fois. Si une crise ou un décès survenaient dans la communauté et qu’ils devaient revenir à la maison, ils perdraient des journées de formation et retarderaient leur éducation. De plus, il arrive très souvent que du personnel infirmier se présente dans la communauté sans comprendre l’importance de la culture et du protocole et sans savoir créer des relations au sein de la communauté.  
Le cours de soins aux aînés autochtones de Sainte-Élisabeth est l’un des nombreux programmes de formation professionnelle offert sans frais aux prestataires de soins du secteur communautaire de tout le Canada. Ce cours offre une formation fondée sur des faits probants et adaptée culturellement, qui traite de l’histoire et de la culture des Premières Nations et livre de l’information clinique sur des questions de santé liées aux soins des aînés, avec des thèmes tels que les chutes, les médicaments, l’alimentation, la dépression, la maladie d’Alzheimer, la violence et la maltraitance, et l’importance de prendre soin de vous en tant que prestataire de soins. 
Nous avons pris soin de ne pas faire appel à une approche universelle pour tous les Autochtones. Un message clé revient tout au long du cours sur la nécessité de comprendre que chaque communauté est unique. Les prestataires de soins doivent tisser des relations avec les communautés afin d’en apprendre davantage sur les pratiques et les protocoles propres à chacune. Ils auront besoin d’un représentant de la communauté pour en savoir plus sur la culture, les traditions et les pratiques qui y prévalent.  
Notre programme a recours à un modèle unique, dont la conception et la révision ont mis à contribution des prestataires de soins des Premières Nations, des aînés et des spécialistes des phases d’élaboration et de révision de nos cours. Notre objectif était de disposer d’une information complète afin de répondre aux besoins des communautés et de bâtir des relations fondées sur le respect et la confiance mutuels.
Le cours a été lancé en janvier 2013 et a reçu un accueil enthousiaste. Les représentants de la communauté sont heureux que le cours offre à leur personnel les éléments et les connaissances nécessaires pour assurer un environnement sécuritaire et le respect nécessaire, tout en observant le protocole relatif aux soins aux aînés. L’objectif de plusieurs communautés est de garder les aînés chez eux aussi longtemps que possible au lieu de les transférer dans des établissements de soins de longue durée.
La formation en ligne fait en sorte que les prestataires de soins n’ont pas à quitter leur communauté pour acquérir les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour les soins aux aînés. Ceux-ci sont parfois intimidés par la formation en ligne, mais la plupart d’entre eux savent comment utiliser Facebook et une fois qu’ils réalisent à quel point c’est facile, ils se montrent très enthousiastes. 

Les auxiliaires en santé communautaire aident à faire face à la pénurie de personnel infirmier et à la sécurité culturelle

Tina Buckle, coordonnatrice des soins infirmiers en santé communautaire, ministère de la Santé et du Développement social du Nunatsiavut.

Au Nunatsiavut, nous faisons appel à des auxiliaires en santé communautaire pour aider le personnel infirmier dans les communautés éloignées. Recruter et garder le personnel infirmier représente un défi pour nous, et le poste d’auxiliaire nous permet d’y arriver avec moins de personnel infirmier.  Il s’agit là d’un modèle  inspiré du Labrador, où il avait cours dans le passé, et d’Alaska, où il est utilisé à l’heure actuelle et où des auxiliaires en santé communautaire, qui sont des gens de la communauté, assurent les soins primaires dans les collectivités éloignées.
Au Nunatsiavut, l’auxiliaire en santé communautaire a un rôle tant en santé publique qu’en soins à domicile ou en soins communautaires.
Dans le cadre du programme des soins à domicile et communautaires, les auxiliaires en santé communautaire deviennent en quelque sorte les « bras droits » du personnel infirmier. Ils assurent la gestion des travailleurs en soutien à domicile, effectuent les visites à domicile avec le personnel infirmier au besoin, commandent les équipements et les fournitures, organisent les rendez-vous, stérilisent l’équipement, préparent les rapports mensuels et accomplissent toutes les tâches pour lesquelles du personnel infirmier n’est pas nécessaire. L’infirmière – ou l’infirmier – est ainsi mieux en mesure de se concentrer sur les soins à offrir. Les auxiliaires effectuent aussi des visites à domicile de manière autonome afin de soutenir le programme, qu’il y ait ou non une infirmière dans la ville. 
De plus, et c’est tout aussi important, les auxiliaires sont les conseillers culturels du personnel infirmier. Ils ont la confiance de la communauté, à un point tel où une infirmière est immédiatement acceptée dans une communauté si elle est accompagnée d’un auxiliaire.
En matière de soins des aînés, les auxiliaires peuvent passer plus de temps avec les aînés que les infirmières; ils possèdent aussi des liens plus intimes avec ces personnes et parlent leur langue. Nous avons également fait visiter le centre régional de santé et le centre de soins de longue durée de Happy Valley-Goose Bay aux auxiliaires en santé communautaire, afin qu’ils puissent en faire la description aux aînés et à leurs familles et les aider à bien faire la transition.   
Il est difficile de quantifier ou même de mettre des mots sur tout ce que nous apportent les auxiliaires – en fait, nous ne pourrions offrir des soins sans ces personnes et les clients ne seraient pas aussi enclins à recevoir des soins s’ils n’étaient pas là. 
Il est difficile de comprendre pourquoi ce modèle n’est pas utilisé dans d’autres régions du pays, surtout qu’il est déjà bien connu en Alaska. Je crois qu’il s’agit d’une peur inexplicable qu’en permettant ce type de pratique, nous encourageons les gens à devenir auxiliaires en santé communautaire au lieu de se diriger vers des professions de la santé, mais ce n’est pas du tout de cela dont qu’il est question. Ces personnes jouent un rôle d’une valeur inestimable dans les communautés et personne d’autre ne peut s’en charger.

Un seul programme de soins à domicile pour tous : Bella Coola, Colombie-Britannique

Glenda Phillips, Directrice, Soutien à domicile et communautaire, Hôpital général  de Bella Coola
 

Dans ma communauté, Bella Coola, nous avons un programme  pleinement intégré de soins  communautaires et de soins à domicile situé dans le nouveau centre de santé de la réserve. Ce programme est utilisé par tous dans la communauté, qu’ils appartiennent ou non aux Premières Nations. Mais cela n’a pas toujours été le cas.
Bella Coola est une communauté éloignée qui dispose de ressources limitées. J’y ai travaillé comme infirmière pour le gouvernement fédéral pendant des années, jusqu’à mon retour aux études. Lorsque j’y suis retournée, j’ai été embauchée par le gouvernement provincial pour mettre sur pied des soins à domicile dans la région.
J’ai constaté que les gens vivant sur les réserves n’obtenaient pas de services. Il n’existait aucun programme structuré de soins communautaires et de soins à domicile, ni aucun modèle intégré de prestation de services permettant de faire le lien entre les services offerts sur la réserve et ceux offerts à l’échelle de la province. Nous disposions de cinq lits de soins de longue durée dans un petit hôpital communautaire, et nous n’avions aucune forme d’aide à la vie autonome à offrir.  
Pour compliquer les choses, ajoutons à cela des facteurs tels que les compressions budgétaires, la pénurie de personnel infirmier et un manque de clarté dans les rôles et les responsabilités du personnel.
Nous voulions donner à tous un accès égal aux soins et de leur offrir le choix de demeurer chez eux aussi longtemps que possible – non seulement dans la communauté, mais aussi dans leur maison. Il nous fallait un programme de soins intégré pour appuyer cela et nous voulions nous donner les moyens d’offrir des soins adaptés sur le plan culturel.   
Nous avons amorcé la planification en rencontrant le chef et le conseil de la nation Nuxalk, à qui nous avons demandé : « Pourquoi ne travaillons-nous pas ensemble à la mise sur pied d’un programme pour tous? » Nous nous sommes ensuite rendus dans la communauté et avons procédé à une évaluation des besoins. Nous avons rencontré de nombreux organismes et représentants du gouvernement qui avaient besoin d’être consultés.  
À la fin, nous avons mis sur pied un seul programme de soins à domicile là où il y en avait deux auparavant (le programme de la province et le PSDMCPNI du gouvernement fédéral).
Il n’y a pas de nouveaux budgets; nous avons mis en commun nos canaux de financement afin de travailler en composant avec les contraintes budgétaires. En travaillant de concert, nous avons accru nos capacités et notre souplesse. Le nombre d’heures que nous pouvons offrir en soins à domicile pour une personne sont par exemple limitées à quatre. Mais si quelques heures de plus permettaient au client de demeurer dans la communauté et dans sa maison, nous pouvons lui offrir quelques heures de plus. Il s’agit là de soins de qualité, qui sont rentables pour le système.
D’autres communautés nous ont demandé comment elles pourraient mettre sur pied ce genre de programmes intégrés. Nous leur disons que les normes en matière de soins seront les mêmes – comment vous faire des évaluations, nettoyer les instruments, organiser vos dossiers –, mais la façon dont vous offrirez les soins pourrait être légèrement différente en raison de la culture qui prévaut chez vous. Vous devez connaître votre communauté.