La Dre Ali Zentner est spécialiste en médecine interne, gestion de l’obésité et des risques cardiaques. Elle exerce actuellement en Colombie-Britannique et en Alberta, avec un cabinet médical à Vancouver Ouest. Ali compte parmi les experts de la nouvelle série à succès de la CBC, Village on a Diet, et c’est l’un des principaux conseillers médicaux de la campagne Live Right Now de la CBC.
Soyons clairs. À mon avis, nous ne parviendrons jamais à nous mettre d’accord sur la moindre question en la matière, en tant que communauté médicale. En fait, je suis partisan de notre discorde. Les divergences d’idées entraînent des divergences dans nos approches de traitement. Et à une époque où les maladies chroniques prévalent, la médecine a plus que jamais besoin d’une telle diversité.
Nous en arrivons maintenant au sujet de l’obésité au Canada et de l’indice de masse corporelle (IMC). Dans le traitement médical de l’obésité, nos trois principaux indicateurs de la santé sont les suivants : IMC, mesure du tour de taille et risques de comorbidités.
De par le passé, l’IMC a fait l’objet de critiques considérables quant à son utilité pour certains groupes ethnoculturels et pour la population en surpoids.
Voici ce que je pense de la question.
Pour les patients qui ont un IMC supérieur à 30… la question est close. Ces patients sont obèses, quels que soient leur tour de taille et leur appartenance ethnoculturelle. Je n’ai encore jamais vu d’homme ou de femme avec un IMC de 31 et « un tour de taille à faible risque ». Si tel est votre cas, envoyez-moi un courriel et je me ferai un plaisir de publier une rétraction.
La question clé, ici, vise à savoir ce qu’est vraiment l’IMC en tant que déterminant de risques? Diverses études ont prouvé clairement qu’un IMC accru est un indicateur de comorbidités accrues.
Une analyse prospective conjointe de l’IMC comparé à la mortalité chez 894 576 personnes en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, publiée dans le Lancet en 2009, a montré une augmentation des facteurs de risques cardiovasculaires chez les patients ayant des indices de masse corporelle supérieurs à 25 kg/m2. Cette étude a aussi montré un risque accru de mortalité due à une cause spécifique (à savoir la mortalité cardiovasculaire) parmi cette population de patients. Mais l’élément fondamental, ici, c’est le risque pour les patients globalement.
Ne vous y trompez pas : je crois que l’IMC est un bon indicateur de risques MAIS IL NE FAUT PAS S’ARRÊTER LÀ.
L’important pour moi, en tant que médecin, est d’utiliser l’IMC comme un moyen de dépistage pour d’autres éventuelles comorbidités chez les patients. De plus, l’IMC doit m’inciter à voir au-delà du simple chiffre qu’il fournit.
Mon plus grand problème avec l’IMC est le suivant : les chiffres actuels sont clairement axés sur la population d’origine européenne. Quand il est appliqué aux Canadiens qui ne sont pas de descendance européenne, l’IMC échoue terriblement en ce qui concerne ses niveaux actuels pour les personnes en surpoids et obèses.
Je crois qu’en tant que pays nous ferions bien d’adopter une nouvelle classification de l’IMC ethnoculturellement spécifique. L’Association internationale du diabète se sert de mesures stratifiées du tour de taille relativement aux risques, qui tiennent compte des antécédents ethnoculturels du patient.
À mon avis, c’est une occasion idéale pour nous d’élargir le spectre de cet indicateur de la santé.
Globalement, quand on parle des « indicateurs de la santé », ma position est claire – ce sont d’excellents points de départ pour le processus de dépistage, mais ils ne suffisent vraiment pas à donner une vue d’ensemble.
Quant à l’indice de masse corporelle, c’est un outil qui permet aux médecins de COMMENCER à déterminer les risques pour un patient. C’est un bon départ.
Alors, le dialogue commence. Le dialogue sur le profil de risques d’un patient, sur son mode de vie et sa physiologie pour décider où commencer le traitement et la gestion du problème.
Si, comme on le dit bien souvent, tout voyage commence par un premier pas, alors l’IMC peut marquer le début du voyage. Après, là où nous allons en tant que médecins ou patients, c’est un tout autre voyage.
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