Rechercher sur ce blogue

4 janvier 2011

« Pourquoi devons-nous structurer notre société de façon à créer une santé malade? »

Michael Keeling, rédacteur anglais au Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé.
Dans une parution de mai-juin de la Revue canadienne de santé publique (il y a 25 ans), l’article du Dr Trevor Hancock intitulé Beyond Health Care: From Public Health Policy to Healthy Public Policy (Au-delà des soins de santé : d’une politique en santé publique à une politique pour un public en santé) met en opposition une politique en santé publique qui « accepte les acquis de notre système socioculturel actuel et qui, à l’intérieur de ces acquis, planifie un système de soins contre la maladie » et une politique pour un public en santé, qui s’interroge sur ces acquis en posant la question : « Pourquoi devons-nous structurer notre société de façon à créer une santé malade? »(1).

Les réponses à cette interrogation et à d’autres questions similaires ont permis de produire un corpus convaincant qui demande une action collective pour influer sur le paysage économique, social, culturel et environnemental qui détermine la santé. Et cela inclut des mesures qui auront des effets sur les politiques et y contribueront.

Le rapport du Conseil canadien de la santé, Changement de vitesse : Cibler, non plus les soins de santé au Canada, mais un Canada en santé s’inspire de cette documentation pour démontrer que les politiques qui, essentiellement, n’ont rien à voir avec la santé, peuvent avoir des effets profonds et inéquitables sur la santé des populations et de divers sous-groupes. Changement de vitesse résume intelligemment et contribue au plaidoyer pour une action structurelle.

Malgré les arguments convaincants propres aux raisons d’agir sur les déterminants sociaux de la santé, nous continuons à nous attarder au comment. Ce rapport contribue, entre autres choses, au comment en nous demandant d’observer :
  • que « la santé, c’est l’affaire de tous » (pages 7, 20 et 33); cela accroît le cercle de responsabilité pour apprendre et agir sur les résultats en santé; 
  • que nous devons mettre de côté nos vases clos et agir. L’action intersectorielle est le moyen de faire face à ces questions « complexes et qui sont étroitement liées et que leur issue est à longue échéance » (pages 20 et 23);
  • que la prévention structurelle influe sur les comportements. Les stratégies portant sur les modes de vie sains ont leurs limites en ce qui concerne l’amélioration de la santé et ce qu’il nous faut maintenant, c’est nous employer plus vigoureusement à mettre en place une action concertée axée sur les déterminants de la santé. (pages 17 et 32).

Ce point de vue crucial contribue à faire évoluer le concept du dossier simple (linéaire, unisectoriel et clairement de cause à effet) vers celui du dossier plus complexe (non linéaire, multisectoriel et moins prévisible). Les caractéristiques de ce dernier sont le domaine d’étude des problèmes plus graves, où les interventions exigent un « virage sismique » dans notre compréhension des choses.

Dans notre rôle de centre d’expertise en politiques publiques saines, nous observons des tendances prometteuses. Il y a tout d’abord des outils émergents pour s’attaquer à ces enjeux. L’évaluation des répercussions sur la santé utilise un cadre de référence des déterminants sociaux de la santé, et l’égalité est au cœur de ce processus. Parmi les autres outils prometteurs, on retrouve des méthodes d’analyse des politiques qui incluent l’égalité et l’applicabilité, et des approches intégrées pour encadrer le recensement des enjeux relatifs aux problèmes graves.

Une autre tendance que nous observons est celle d’un nombre grandissant de médecins en santé publique, d’organismes communautaires, d’organismes sans but lucratif et de membres des collectivités qui travaillent en collaboration entre les secteurs pour faire la différence, que ce soit à Sudbury, Saskatoon, Vancouver, Montréal, Toronto ou Natuashish.

Ce document constituera un tonique stimulant pour favoriser ces efforts, et ajoutera au mouvement pancanadien pour prévenir ou réduire le « durcissement des catégories ». 

Note 1. Trevor Hancock (1985), Beyond Health Care: From Public Health Policy to Healthy Public PolicyRevue canadienne de santé publique (76, Supplément 1, 1985).

---
Michael Keeling est rédacteur anglais et responsable du soutien aux produits de connaissances au Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé. Le CCNPPS cherche à accroître l’expertise des intervenants en santé publique à travers le Canada par le développement, le partage et l’utilisation des connaissances. Le CCNPPS est l’un des six centres financés par l’Agence de la santé publique du Canada. Ces six centres forment un réseau à travers le pays. Chacun est installé dans une institution différente et se concentre sur un aspect de la santé publique. Pour plus de détails, consultez le site Internet du centre au www.ccnpps.ca
.

Mots Clés: Promotion de la santé

Aucun commentaire:

Publier un commentaire