Murray Ramsden, conseiller, Conseil canadien de la santé |
Intégration. Avec « durabilité », c’est un des mots code habituels des discussions et des débats dans les cercles des soins de santé. Mais qu’entendons-nous exactement par intégration? Et, ce qui est plus important, comment y arrive-t-on?
Mercredi, je participais au symposium sur les soins de santé intégrés en tant que vice-président du Conseil canadien de la santé. Mais j’ai aussi suivi les interventions – des orateurs principaux comme des prestateurs de première ligne – dans l’optique de quelqu’un qui a géré un hôpital et une régie régionale de la santé.
Je pense que le Dr Dennis Kodner a parfaitement planté le décor au début de la journée en offrant sa perception des facteurs clés de la réussite et des pièges potentiels de l’intégration. Il a fait certains commentaires significatifs sur la nécessité du courage, ce qui correspond tout à fait à la vérité : les personnes qui essaient de procéder à une intégration centrée sur le patient font face à de nombreux obstacles, dont l’inertie, le « tribalisme » des professionnels et des organisations, le manque de cohérence des politiques, des règlements et du financement, et les divergences quant aux rôles et aux philosophies cliniques chez les prestateurs et dans l’ensemble des secteurs (et ce n’est que le commencement).
Tous les gestionnaires de la santé (et tous les ministres de la Santé) devraient afficher au-dessus de leur bureau une citation du Dr Kodner : « La question n’est pas de faire rentrer les gens dans le modèle – elle est de trouver un modèle qui répond aux besoins des gens. » On a débattu de ceci toute la journée, en particulier de l’importance de la participation des patients et de la collectivité à l’élaboration de modèles de soins intégrés qui leur conviennent. Nous ne devrions pas tenir pour acquis que nous nous y connaissons.
La conférence du Dr Kodner était suivie d’une table ronde sur des solutions prometteuses pour la réalisation de l’intégration des soins, avec des présentations sur les équipes interprofessionnelles, sur l’accroissement de la participation des patients et de la collectivité et sur le rôle des gestionnaires de cas, un sujet qui semblait intéresser particulièrement le public. Le Dr Charles Wright, modérateur de la table ronde et l’un de mes confrères au Conseil, a conclu la discussion en nous rappelant que certains des éléments communs des systèmes ayant réussi l’intégration – comme les équipes interprofessionnelles, l’élargissement du champ d’exercice et la réforme de la rémunération des médecins – exigent une action politique énergique, ce qui peut être tout un défi puisque certains de ces changements seraient « déplaisants, politiquement parlant ». J’ai apprécié la franchise des commentaires du Dr Wright. Nous devons parler plus ouvertement de ces difficultés et de la manière de les résoudre. Nous avons aussi besoin de gestes courageux, de la part des politiciens comme des prestateurs.
Au cours de la journée, j’ai pris particulièrement plaisir aux nombreuses présentations sur les soins intégrés par des prestateurs de première ligne. Ils nous ont parlé de stratégies et de programmes novateurs qui amènent des améliorations dans des domaines tels que les transitions des soins, les communications entre prestateurs, l’accès aux soins et la participation des patients. Mais les grandes initiatives de première ligne en matière d’intégration ont besoin que les chefs de file de la santé et les gouvernements leur apportent un soutien plus important. Nous devons être prêts à nous attaquer aux questions de rémunération des médecins et de champ d’exercice, à accélérer l’adoption des dossiers de santé électroniques, et à réviser les politiques qui empêchent les progrès. Les provinces et les territoires qui avancent rapidement dans ces secteurs pourront fournir de meilleurs soins. Dans dix ans, les autres se retrouveront bloqués au même endroit.
Pour finir, le discours de l’honorable Fred Horne, ministre de la Santé de l’Alberta, lui a valu les éloges de l’assistance : « La meilleure présentation qu’un ministre de la Santé n’ait jamais faite. » M. Horne a défini les trois priorités de la province en matière de santé – soins de santé primaires, soins continus et santé mentale – ajoutant que les réformes appliquent une philosophie globale : cesser de faire à l’hôpital ce que l’on peut faire dans la collectivité. Au cours de la période de questions, plusieurs participants l’ont interrogé à propos de la décision de l’Alberta d’éliminer les autorités régionales de la santé au profit d’une vaste organisation, les Services de santé de l’Alberta. M. Horne a expliqué que les motifs de ce changement étaient, entre autres, le désir de pouvoir traiter toute question stratégique de façon uniforme dans toute la province, de normaliser et de réaliser des économies de coûts plus importantes. La démarche de l’Alberta et le déroulement de ses réformes semblent avoir éveillé un fort intérêt. Nous sommes heureux que le ministre ait pu se joindre à nous, d’autant plus qu’il s’agit pour l’Alberta de sa première année en tant que membre du Conseil canadien de la santé.
Je me suis senti stimulé par les idées proposées au symposium, et je regrette seulement de n’avoir pas pu participer à toutes les présentations. Je vous encourage à lire les descriptions des pratiques novatrices dans le programme du symposium, à visionner les présentations correspondantes et à ajouter à vos signets le Portail de l’innovation en santé du Conseil de la santé, une source intarissable d’idées. Nous pouvons éviter les doubles emplois et accélérer le rythme des projets de chacun en mettant en commun ce qui donne des résultats.
Par Murray Ramsden, conseiller, Conseil canadien de la santé
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