Dans mon dernier blogue, j’ai évoqué certains défis importants auxquels fait face notre système de soins de santé en matière de gestion de nos ressources humaines en santé, et j’ai mis l’accent sur la nécessité de préconiser une approche stratégique.
Alors, quelles démarches devrait entreprendre le Canada afin d’obtenir le système de soins de santé à haut rendement que toutes les Canadiennes et tous les Canadiens veulent? Selon le Conseil de la santé, nous devons travailler sur de nombreux éléments de base :
1. Définir une vision et des objectifs mesurables
Nous devons établir des objectifs précis pour chacune de nos professions, aux échelles nationale et provinciale. Pour que ces objectifs puissent se concrétiser, leur fondement doit reposer sur les besoins de la population en matière de santé, sur les modes de collaboration interprofessionnelle dans la prestation de soins de santé, et sur la capacité de notre système d’enseignement et de formation. Nous devrions, par exemple, viser l’autosuffisance et fixer une échéance afin de réduire nos besoins en recrutement de médecins formés à l’étranger au sein de nos professions de la santé. Nous pourrions aussi fixer des objectifs précis en matière de formation de la main-d’œuvre dont nous allons avoir besoin en vue d’assurer la prestation des soins de santé au nombre grandissant de patients représentant des cas complexes au sein de la collectivité ou à domicile.2. Aborder nos enjeux en matière de ressources humaines lors de la planification de personnel
Le Canada a démontré qu’avec le temps, il peut mettre en œuvre des moyens novateurs visant à assurer la prestation de soins de plus grande qualité et avec une efficacité accrue à l’échelle locale. Or, lorsqu’il est question de la mise en œuvre d’un système de santé à haut rendement, il s’avère que le temps joue contre nous. Nos gouvernements et nos corps professionnels doivent faire preuve d’une meilleure collaboration afin d’élaborer des politiques de soutien qui accélèrent le processus de mise en œuvre et la diffusion de pratiques novatrices sur le plan national. Cela comprend l’élaboration de cadres stratégiques visant à favoriser le travail de concertation entre professionnels, et la mise en place d’un système d’enseignement postsecondaire qui s’adapte aux besoins prévus de la population en matière de santé afin de former des professionnels qui répondent à ces besoins.
3. Un ensemble centralisé de données probantes
À la lumière de cette réalité, plusieurs intervenants en soins de santé canadiens réclament la mise en place d’un observatoire des ressources humaines en santé. L’observatoire proposé serait un forum qui permettrait aux chercheurs, aux gouvernements, aux employeurs, aux professionnels de la santé et aux syndicats de se mobiliser afin de partager leur point de vue et de créer progressivement une banque commune de connaissances avec la participation de tous les secteurs.
Il pourrait également s’agir d’un forum visant à coordonner la recherche sur les enjeux qui touchent les ressources humaines en santé, à renforcer le système de cueillette de données, et à mettre en commun les approches à l’échelle des provinces et des territoires canadiens. Ainsi constitué, le forum permettrait d’accroître la collaboration interprovinciale en s’appuyant sur les tendances actuelles.
En 2010, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a recommandé la création d’un observatoire national. Le Conseil de la santé a approuvé cette recommandation. Parmi les nations comparables à la nôtre, l’Australie a mis en place un observatoire dont le travail est grandement apprécié par les experts en la matière. Connu sous le nom de Health Workforce Australia, l’observatoire invoque, en tant qu’objectif, d’assurer la mise en place d’un système de ressources humaines en santé durable en Australie.
En fait, les éléments constitutifs d’un observatoire sont déjà en place sous la forme du Réseau canadien sur les ressources humaines en santé. Le Réseau pancanadien sur les ressources humaines en santé (RCRHS) a été mis sur pied grâce à des fonds fédéraux. Il est composé de chercheurs et de décideurs de politiques de renom, et il compte plus de 75 utilisateurs, partout au Canada. Son comité consultatif comprend des représentants de ministères de la Santé.
On considère déjà le Réseau comme étant une source fiable de renseignements sur les meilleures pratiques en matière d’enjeux de rétention et de productivité des ressources humaines en santé.
En terminant, j’estime que le Canada se trouve dans une position de force qui lui permet d’apporter des modifications aux politiques en place et d’améliorer la productivité de ses ressources humaines en santé ainsi que le rendement de son système de soins de santé. De nos jours, les gouvernements et les gestionnaires des soins de santé connaissent bien le processus d’amélioration de la qualité des soins de santé. Ils reconnaissent également qu’une réorganisation de nos systèmes de santé qui permettrait d’offrir des soins plus efficaces et qui cernent davantage les besoins et les désirs des patients peut se traduire par une économie de coûts.
Tout comme le Canada est fier de pouvoir compter sur l’un des systèmes financiers les plus performants au monde, ne devrions-nous pas également souhaiter avoir l’un des meilleurs systèmes de santé au monde? Au Canada, nous disposons de suffisamment de connaissances et de ressources pour être en mesure de planifier adéquatement nos besoins éventuels en matière de soins de santé. Cela s’avère d’autant plus lorsqu’il est question de nos ressources humaines en santé.
En fin de compte, nous voulons non seulement devenir autosuffisants à l’échelle nationale, mais nous souhaitons pouvoir compter sur des ressources humaines hautement qualifiées pour répondre à nos besoins en matière de soins de santé, et ce, dans toutes les régions du pays. Si nous voulons mener ce projet à bien, nous devrons préconiser une approche stratégique qui s’appuie sur la collaboration continue des gouvernements, des corps professionnels et de leurs organismes de régulation, et de la communauté de formateurs et d’enseignants.
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