Dr Michael Law est professeur adjoint au Centre for Health Services and Policy Research de la School of Population and Public Health à l’Université de la Colombie-Britanniqu.
Je ne peux m’empêcher d’être étonné par les progrès relatifs accomplis dans deux importants dossiers en matière de politique sur les médicaments, dossiers qui faisaient partie des engagements de l’Accord de 2003 sur la santé.
Pensons tout d’abord au travail réalisé pour harmoniser l’évaluation des médicaments. Depuis 2003, le Programme commun d’évaluation des médicaments (PCEM) a formulé 236 recommandations sur les nouveaux médicaments et a procédé à des examens de médicaments qui sont largement utilisés dans les régimes provinciaux d’assurance-médicaments. Le concept d’une évaluation commune des faits probants sur les nouveaux médicaments au Canada suit son chemin et est déjà bien amorcé.
En revanche, on a toutefois peu progressé vers un engagement sur l’accord de collaboration pour les prix des médicaments. Du côté des médicaments de marque, il est devenu de plus en plus courant pour les pays de négocier des ententes confidentielles avec les compagnies pharmaceutiques grâce à ce qu’il est convenu d’appeler des « ententes relatives à l’inscription de produits » (EIP). Ces ententes consentent des réductions confidentielles aux régimes d’assurance-médicaments en échange d’une couverture des produits correspondants par ces régimes, particulièrement dans le système qui prévaut chez nous, dans lequel les provinces sont liguées les unes contre les autres.
Du côté des médicaments génériques, pendant que les autres pays incitent les fabricants à se livrer une concurrence féroce pour obtenir les plus bas prix, nous continuons de nous cantonner à notre vieille formule qui consiste à fixer le prix des génériques sous forme de pourcentage arbitraire de celui de leur équivalent de marque. Bref, je crois que nous avons besoin de travailler ensemble, à l’échelle pancanadienne, sur le prix des produits pharmaceutiques.
Après plusieurs années sans aucun fait nouveau, on a commencé récemment à observer certains changements. Ces initiatives ont été lancées par les provinces à titre individuel, puis élargies à l’échelle nationale grâce au Conseil de la fédération. Tout d’abord, en 2010, les premiers ministres ont convenu de travailler ensemble à obtenir de meilleurs prix sur les médicaments de marque; puis, en 2012, ils ont décidé de travailler du côté des génériques en mettant en place un mécanisme pour l’achat en commun de médicaments génériques.
Si on considère l’engagement pour des travaux à l’échelle pancanadienne formulé en 2003, force est de reconnaître que les progrès à ce jour sont modestes : des stratégies d’achat en commun sont en place pour sept médicaments de marque et pour six médicaments génériques. Lorsqu’on songe que des millions de Canadiens utilisent des milliers de médicaments d’ordonnance différents, il est tout à fait clair que de nombreuses possibilités d’initiatives axées sur la collaboration s’offrent à nous.
Je crois qu’il est important, à ce stade, de se demander comment tirer parti de ces initiatives et poursuivre sur cette lancée. Comme le soulignait le Conseil dans son rapport sur la Stratégie nationale en matière de produits pharmaceutiques, les priorités changent avec les gouvernements, ce qui fait en sorte que des initiatives stratégiques valables sont souvent laissées en plan. Nous avons déjà commencé à le constater, dans une certaine mesure, lorsque le Québec a décidé de cesser de participer à ces nouvelles initiatives.
Il est important de nous assurer que nous maintenons cet élan, puisque des obstacles considérables persistent dans les négociations communes pour les médicaments de marque et que les Canadiens continuent de payer pour des génériques dans le cadre d’un mécanisme de fixation des prix désuet. En suivant l’exemple du Programme commun d’évaluation des médicaments, il est peut-être temps pour nous d’officialiser ces initiatives d’achat en commun par l’intermédiaire d’un organisme de gouvernance structuré qui mettrait à profit et serait le prolongement de ces récentes réussites. Un organisme permanent aiderait à trouver des solutions à ces problèmes sérieux et permettrait de donner une nouvelle impulsion à l’élan qu’a permis de susciter l’initiative pancanadienne de fixation des prix des médicaments d’ordonnance.
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