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10 avril 2013

Activités d’amélioration de la qualité en Colombie-Britannique

Dr Les Vertesi, conseiller, Conseil canadien de la santé 

Le tout dernier rapport du Conseil canadien de la santé, Quelle voie mène à la qualité? Principales perspectives sur l’amélioration de la qualité des systèmes de soins de santé au Canada, conclut que la qualité des soins de santé constitue un enjeu majeur pour les gouvernements et les prestateurs de soins de santé depuis plus d’une décennie. La documentation sur la santé nous montre les coûts évitables, à la fois humains et financiers, qui pèsent sur notre système en raison des problèmes de qualité – coûts qui résultent des erreurs médicales. À cet égard, le Canada ne diffère pas des autres pays. Dans de nombreuses provinces canadiennes, divers conseils de la qualité de la santé rendent compte des efforts d’amélioration de la qualité du système. Chacun d’eux a pour tâche de concrétiser les efforts de qualité. Presque tous revendiquent des progrès limités, mais les changements mesurables à grande échelle restent rares, sauf dans quelques secteurs de sous-spécialisation.

La province de la Colombie-Britannique suit une voie similaire à celle des autres provinces, mais deux de ses initiatives méritent une mention spéciale. La première porte sur une réduction de la liste des temps d’attente, et la seconde a trait à la diminution des infections postopératoires et autres complications.

L’accès aux soins de santé est l’un des piliers de la qualité, et c’est aussi l’un des sujets les plus persistants de plaintes des Canadiens. Exception faite de quelques progrès dans certains domaines sélectionnés hautement prioritaires, comme celui des arthroplasties de la hanche et du genou, les Canadiens continuent d’attendre des soins plus longtemps, en moyenne, que dans presque tout autre pays développé. Ceci se produit en dépit de la profusion des preuves internationales montrant que les politiques de financement (hormis le montant total d’argent) sont un facteur majeur de notre problème de temps d’attente. Les pays qui maintiennent des budgets globaux fixes pour les hôpitaux ont tendance à connaître de longs temps d’attente, alors que ceux qui attribuent les fonds en fonction des services requis par les patients n’ont pas ce problème.

En 2010, la Colombie-Britannique est devenue la première province au Canada à adopter une forme restreinte de financement fondé sur les activités (FFA), où les fonds suivent les patients, et non pas les hôpitaux, comme dans les pays européens. L’un des plus grands hôpitaux de Vancouver a récemment montré comment il avait tiré parti de la souplesse inhérente du FFA durant neuf mois pour arriver à une réduction globale de 24 % des attentes et à une baisse de 70 % des plus longs temps d’attente, avec seulement une augmentation marginale (3 %) des cas.

Dans un objectif de sécurité des soins et de réduction des complications, la Colombie-Britannique a dépensé 12 millions $ l’an dernier pour inscrire 22 de ses plus grands hôpitaux au National Surgical Quality Improvement Program (NSQIP). Le NSQIP est un processus d’amélioration de la qualité conçu par l’American College of Surgeons, qui regroupe plus de 450 hôpitaux aux États-Unis, dont certains des centres les plus renommés sur le plan de la qualité. Ce système recueille des données détaillées sur les complications postopératoires auprès de chaque hôpital et renvoie à chacun une note pondérée en fonction des risques. C’est cette pondération axée sur les risques, accompagnée d’un classement relatif comparatif aux autres hôpitaux œuvrant dans le même secteur d’activités, qui rend les résultats du NSQIP si intéressants.

Ce n’est pas la première fois qu’un hôpital canadien entre au NSQIP, mais l’expérience d’un hôpital britanno-colombien qui s’est joint au NSQIP avant un FFA relate toute une histoire. Les premiers résultats ont montré que cet hôpital comptait parmi les moins performants de ceux de sa cohorte et cette rétroaction a suffisamment ébranlé sa confiance pour provoquer de profonds changements. Deux ans plus tard, cet hôpital s’était amélioré au point de se situer au-dessus de la moyenne de sa cohorte, avec des résultats probants de réduction des infections postopératoires et des retours aux salles d’opération, ainsi que des séjours plus courts en hôpital. Les expériences vécues par les patients étaient clairement meilleures, plus sûres. Mais les lits disponibles ont vite été occupés par d’autres patients, et comme l’hôpital conservait un budget fixe, sa situation financière a empiré, au lieu de s’améliorer. En fait, l’hôpital était vraiment parvenu à la qualité, mais il avait été puni pour cela. Les exemples de pratiques novatrices sont nombreux au Canada, mais très peu restent viables à long terme. Se pourrait-il que la cause soit attribuable au fait que notre système de financement punit par inadvertance la qualité quand elle se produit, là où elle se produit?

La situation en Colombie-Britannique, avec le financement fondé sur les activités, devrait maintenant être différente. Le NSQIP va contribuer à l’apport d’améliorations majeures de la qualité réelle et le FFA indemnisera, du moins en théorie, un établissement pour toute augmentation de la charge de travail qui en résultera. Au Canada, personne ne fait vraiment d’argent avec les hôpitaux, et ceci ne changera pas avec le FFA, mais au moins nous ne sévirons plus en matière de qualité. Alors, attendons et voyons si ceci fait une différence.

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