La Dre Catherine Cook est conseillère au Conseil canadien de la santé et vice-présidente, Population et Santé autochtone, à l’autorité sanitaire régionale de Winnipeg au Manitoba. La Dre Cook est métisse.
La plupart des Canadiens savent que beaucoup de membres des Premières Nations, d’Inuits et de Métis sont en plus mauvaise santé et vivent dans des conditions plus difficiles que le reste de la population canadienne. En 2010, le Conseil canadien de la santé a entrepris un projet pluriannuel pour explorer les programmes et les stratégies qui présentent le potentiel de réduire ces disparités de santé entre les Canadiens autochtones et non autochtones.
Au printemps dernier, le Conseil canadien de la santé a voyagé dans le pays pour en apprendre davantage sur les soins de santé offerts aux Autochtones en milieu urbain. Environ la moitié de la population autochtone du Canada, dont le total est de 1,3 million d’habitants, vit dans les villes mais ne fait pas autant appel aux services de santé classiques que les autres Canadiens. Les Autochtones ont moins tendance à demander de l’aide quand ils ont des symptômes de maladies, mais ils reçoivent plus souvent un diagnostic à une étape plus avancée que les non-Autochtones – retard qui peut rendre le traitement plus difficile, voire impossible. Bien que les comptes rendus de recherche montrent clairement que beaucoup d’Autochtones ne font pas suffisamment confiance au système de santé pour l’utiliser, ce fait n’est pas très connu des prestateurs de soins de santé.
Le Conseil canadien de la santé a organisé des rencontres avec les prestateurs de soins de santé et les décideurs de politiques à Saskatoon, Winnipeg, Vancouver, Edmonton, Toronto, Montréal et St. John’s. Beaucoup de participants étaient des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis et ils ont généreusement partagé leurs points de vue et leurs expériences personnels et professionnels. Les participants ont parlé du sentiment de malaise, d’impuissance et de peur que les Autochtones peuvent avoir quand ils tentent de faire appel aux services de santé. Voici ce qu’en a dit un participant : « Ils ont fait l’expérience d’être traités avec mépris, d’être jugés ignorés, stéréotypés, racialisés et rabaissés. » L’un des récits illustre ce type de préjugés racistes dont souffrent de nombreux Autochtones. Un Autochtone blessé est arrivé aux urgences, où une infirmière lui a interdit de s’allonger sur un lit. Quand un médecin a demandé pourquoi le patient n’était pas allongé, l’infirmière a expliqué que l’homme était sale et que de toute façon il retournerait dans la rue à sa sortie de l’hôpital. En fait, le patient était employé, propriétaire de sa maison, et il avait été attaqué alors qu’il rentrait du travail.
La plupart des professionnels de la santé sont bien intentionnés mais ne se rendent pas compte qu’ils agissent en fonction de stéréotypes profondément ancrés envers les Autochtones dans toute la société canadienne. Ils ne comprennent peut-être pas qu’ils sont la raison pour laquelle un patient des Premières Nations, inuit ou métis ne suit pas un protocole de traitement ou ne revient pas à ses rendez-vous.
En dépit de tous ces défis, il y a de bonnes nouvelles – de très bonnes nouvelles. Partout au pays, des programmes sont en cours pour créer des milieux de soins de santé sans racisme, où les Autochtones peuvent se sentir les bienvenus, en sécurité. Par exemple, depuis quelques années, on constate une augmentation des programmes de formation à la compétence culturelle pour les professionnels de la santé, ainsi qu’une hausse de la demande pour les travailleurs de soutien autochtones qui jouent le rôle d’interprètes culturels entre les patients autochtones et les prestateurs de soins classiques. Ces programmes, et d’autres, sont décrits dans le récent rapport du Conseil canadien de la santé, Empathie, dignité et respect : Créer la sécurisation culturelle pour les Autochtones dans les systèmes de santé en milieu urbain.
Les systèmes de soins de santé au Canada ont le devoir de se tourner vers les populations qui souffrent d’un mauvais état de santé ou qui n’utilisent pas les services, d’en comprendre les raisons et de s’adapter pour mieux répondre à leurs besoins. Faire des efforts spécifiques afin que le système de santé soit culturellement sécuritaire pour les Autochtones est non seulement une contribution importante à l’amélioration de leur santé, mais aussi un moyen concret de montrer du respect et de travailler en vue de la réconciliation.
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