La Dre Tara Kiran est médecin
de famille et chercheuse à St. Michael’s Hospital. Elle travaille aussi à
temps partiel en tant que conseillère en soins primaires au Réseau local d’intégration
des services de santé du Centre de Toronto.
Les Canadiens sont fiers de leur système de santé
publique et ils
disent systématiquement être satisfaits des services de santé qu’ils reçoivent.
Mais peut-être devraient-ils demander de meilleurs services.
Le plus récent rapport du Conseil canadien de la santé
présente les conclusions du Sondage
international 2012 du Fonds du Commonwealth auprès des médecins de soins
primaires, effectué dans 10 pays à revenus élevés. Dans presque tous
les domaines – de l’accès aux soins à leur coordination, en passant par
l’utilisation de la technologie de l’information – le Canada se classe en
dernière place ou presque.
Il ne faut pas s’étonner de la piètre performance du
Canada par rapport aux autres pays. Après tout, le Canada était arrivé au bas
du classement, ou presque, dans un
sondage similaire en 2009. Toutefois, j’ai été surprise par les écarts considérables
de qualité des soins primaires entre les provinces.
Les résultats du Québec étaient systématiquement bien
inférieurs à la moyenne nationale canadienne. Seuls 22 % des médecins de
soins primaires au Québec disent que leurs patients peuvent obtenir un
rendez-vous le jour même ou le lendemain, alors que la moyenne canadienne
nationale se situe à 47 % (la plus basse des moyennes nationales de tous
les autres pays). Seuls 8 % des médecins québécois ont dit être avisés
quand leurs patients se rendent aux urgences, comparativement à une moyenne
canadienne de 30 %. Et seuls 26 % des médecins au Québec disent
qu’ils utilisent les dossiers médicaux électroniques, alors que la moyenne
canadienne se situe à 57 % (en avant-dernière place parmi tous les autres
pays).
En revanche, les médecins de l’Ontario, de la
Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse sont tous arrivés en position
supérieure à la moyenne canadienne en ce qui concerne les rendez-vous le jour
même ou le lendemain. Les médecins de l’Ontario étaient beaucoup plus
susceptibles d’offrir des services à leurs patients après les heures normales
et de partager cette responsabilité avec d’autres collègues. Les médecins en
Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse étaient systématiquement
plus susceptibles d’utiliser la technologie de l’information dans le cadre de
leur profession, d’évaluer leur performance en fonction d’objectifs et de
bénéficier d’incitatifs financiers dans certains domaines de prestation des
soins.
L’Ontario et la Colombie-Britannique sont deux
provinces qui ont considérablement investi pour améliorer leur système de soins
primaires. Au cours de la dernière décennie, la plupart des médecins de soins
primaires en Ontario ont adopté de nouveaux
modèles de pratique et ont signé des accords contractuels avec le
gouvernement, qui leur demande d’inscrire officiellement leurs patients et de
leur offrir des services après les heures normales, ou qui leur accorde des
incitatifs pour le faire. Pour certains modèles de pratique, les médecins en
Ontario sont sanctionnés financièrement si leurs patients vont dans des
cliniques sans rendez-vous, mais financièrement récompensés si les soins
prodigués à leurs patients répondent à certains objectifs de qualité.
L’adoption des dossiers médicaux électroniques est subventionnée dans la
plupart des modèles et elle est exigée par certains. De plus, un programme provincial d’amélioration de la qualité a
aidé des centaines de médecins à améliorer l’accès à leurs cliniques.
La
Colombie-Britannique a opté pour une approche différente mais tout aussi
ambitieuse en vue de réformes. Depuis 2002, le General Practices Services Committee – partenariat
entre la BC Medical Association et le ministère de la Santé de la
Colombie-Britannique – se fait le champion de plusieurs initiatives allant
de nouveaux incitatifs financiers pour gérer les maladies chroniques à des
modifications de codes de facturation pour encourager les consultations au
téléphone et par courriel, en passant par un programme complet de
soutien de la pratique qui inclut une formation en vue d’améliorer l’accès
des soins aux patients.
D’autres provinces ont aussi tenté d’apporter des
réformes à la prestation des soins primaires, mais comme l’a souligné le Conseil canadien de
la santé il y a des années, les résultats des tentatives de réformes à
l’échelle du pays n’ont pas été systématiquement examinés et les approches
judicieuses ne se sont pas propagées.
La vaste gamme des mesures de la qualité des soins de
santé qui varient entre les provinces devrait nous amener à remettre en
question la notion d’un système « canadien » de soins de santé. Le
gouvernement fédéral a défendu son approche non interventionniste envers les
soins de santé mais, sans son influence, les Canadiens qui vivent dans les
différentes provinces continueront de vivre des expériences différentes de
soins de santé– au détriment de certains d’entre eux.
Quel plaisir de voir les Britanniques célébrer avec
fierté leur service national de santé, lors des cérémonies d’ouverture des
récents Jeux olympiques d’été! Notre gouvernement fédéral doit continuer
d’investir et de surveiller judicieusement la prestation des soins de santé,
pour que nous puissions conserver une fierté similaire envers notre système
canadien de santé publique.
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