Le Dr Ben Chan est président-directeur général de Qualité des soins de santé Ontario
Le Rapport de progrès 2012 du Conseil canadien de la santé décrit de nombreuses avancées dans la production de rapports publics au cours de la dernière décennie, tant à l’échelle provinciale que fédérale. Mais portons-nous à son maximum notre capacité à comparer la performance du système de santé dans l’ensemble du pays? Il semble que la réponse soit non. Le rapport du Conseil mentionne, par exemple, que plusieurs provinces et territoires considèrent que les indicateurs sanctionnés par l’Accord des premiers ministres ne suffisent pas à leurs besoins propres en matière d’évaluation et de rapports. Pourquoi donc est-il si difficile de créer un solide ensemble d’indicateurs efficaces à des fins de comparaisons transnationales?
L’une des raisons que présente le rapport est que les provinces paraissent s’intéresser à la création de systèmes de mesures répondant à leurs propres nécessités. Cela est certainement évident en Ontario, où la province a effectué des investissements importants dans la production de rapports sur les temps d’attente pour les interventions chirurgicales, sur les infections hospitalières et sur d’autres mesures de la sécurité des patients. La plupart de ces mesures n’ont pas d’équivalent dans le reste du pays. Les provinces qui mettent la qualité au tout premier rang de leurs préoccupations ne peuvent pas se permettre d’attendre un consensus national sur la définition des indicateurs pour œuvrer en faveur d’une amélioration.
Mais l’argument de la « vision provinciale étroite » explique-t-il réellement les aspirations de provinces particulières? Pas tout à fait. Ici, en Ontario, l’un des messages les plus forts que j’ai reçus des directeurs généraux locaux se rapporte à leur immense intérêt pour des repères. Cette soif de données comparables n’est pas une simple conséquence des plans d’amélioration de la qualité imposés aux hôpitaux par la Loi de 2010 sur l’excellence des soins pour tous (LESPT). Chaque année budgétaire, les hôpitaux sont tenus par la loi de fixer des cibles numériques pour leurs améliorations. Par conséquent, les hôpitaux cherchent des indications de ce que devraient être leurs cibles fondées sur des données probantes, et veulent intégrer les stratégies employées ailleurs par ceux qui ont des résultats élevés. Ce besoin ne fera que grandir, à mesure que les exigences de la LESPT s’étendent à d’autres secteurs du système de santé, comme les soins primaires.
Ce désir intense de comparaison va plus loin. Dans notre Observateur de la qualité annuel, nous avons déjà posé des questions difficiles, afin de savoir pourquoi nous n’atteignons pas les meilleurs résultats obtenus ailleurs dans les domaines où il existe de bonnes comparaisons interprovinciales. Pourquoi, par exemple, voit-on à Colchester-Hants, en Nouvelle-Écosse, un taux de vaccination antigrippale de 82 %, alors que la moyenne de l’Ontario est de 68 %? Que font-ils, que nous ne faisons pas, mais que nous devrions faire? Nous nous demandons aussi pourquoi le taux global d’hospitalisations dans le cas de troubles où le suivi ambulatoire serait à privilégier est de 275 pour 100 000 en Ontario, comparé à seulement 162 pour 100 000 à Richmond, en Colombie-Britannique.
Pour obtenir une solide production de rapports pancanadiens, nous devons partir de nos réussites actuelles dans la création d’ensembles de données et de sondages standardisés à l’échelle nationale. L’ICIS et Statistique Canada se sont rendus extrêmement utiles au pays en donnant accès à des ensembles de données comme la Base de données sur les congés des patients et l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Il saute aux yeux que certaines des prochaines étapes pourraient consister en des définitions communes pour les rapports sur les temps d’attente et en un noyau minimal de questions standardisées sur les expériences des patients pour les soins primaires, actifs, de longue durée et communautaires.
Les dossiers médicaux informatisés (DMI) représentent aussi une mine d’informations sur ce qui devrait être l’une de nos plus importantes priorités : fournir une meilleure gestion des maladies chroniques (GMC). Les DMI se multiplient d’un bout à l’autre du pays, et de nombreux vendeurs de DMI sont à l’œuvre dans plusieurs provinces. Qualité des soins de santé Ontario préconise actuellement d’appliquer aux vendeurs de DMI des spécifications plus strictes afin de garantir la standardisation des données recueillies sur la GMC. Notre partenariat étroit avec l’ICIS peut contribuer à assurer que ces standards fournissent leur apport aux standards nationaux.
Nous voulons tous des améliorations et nous souhaitons faire partie de ceux qui ont les meilleurs résultats, mais la seule façon d’évaluer vraiment notre performance, c’est par comparaison, avec nous-mêmes et avec les autres. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un changement radical qui reconnaît que le partage de données standardisées à l’échelle nationale est l’un de nos outils de changement les plus puissants. En fait, il va de l’intérêt propre de chaque province que nous fassions tout notre possible pour faire progresser la mise en commun d’indicateurs comparables.
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