Katie Dicker, intervenante-pivot d’expérience pour autochtones, Centre d’amitié autochtone de St. John’s
En 2002, notre organisme et la division de la santé communautaire de la Faculté de médecine de l’Université Memorial ont produit une étude intitulée Building Bridges Study, commanditée par le Plan social stratégique (Strategic Social Plan). Elle visait à trouver des moyens d’améliorer l’expérience des Autochtones dans les établissements de soins en milieu urbain. Plusieurs constatations se sont dégagées de cette étude. L’une faisait état de la nécessité d’assurer une prestation de soins adaptée aux Autochtones de la province. Une autre indiquait que ces personnes vivaient de nombreuses difficultés dans les établissements de soins situés en milieu urbain.
En 2005, le groupe de travail sur la diversité culturelle (Cultural Diversity Working Group) était arrivé à la conclusion que l’efficacité des soins de suivi pour les Autochtones posait problème et que, selon l’étude, des répondants du Labrador auraient fait savoir que des patients étaient retournés chez eux avec de l’information incomplète sur les soins de suivi. Ces deux rapports ont été le travail préliminaire qui a servi de base au programme d’intervenants-pivots pour autochtones (Aboriginal Patient Navigator Program, ou APN).
Ce programme offre aide et soutien aux patients et aux clients autochtones qui sont envoyés à St. John’s pour des traitements médicaux. Les services et l’aide offerte sont notamment du soutien lors des rendez-vous, des dispositions pour obtenir les services d’interprètes qui parlent innu aimun ou inuktitut; de l’aide pour des repas, du transport, de l’hébergement et de l’équipement médical; la planification de congés; la liaison avec des organismes internes et externes; de l’éducation et le partage d’information.
À notre avis, le programme d’APN est axé sur une meilleure sécurité culturelle pour les patients. En s’assurant que le médecin comprend le patient et en supprimant les barrières linguistiques, on favorise une communication claire. La personne soignante et le patient se sentent ainsi tous les deux à l’aise. Avant la mise sur pied du programme d’APN, il arrivait fréquemment que les patients étaient laissés à eux-mêmes, désorientés et incapables de comprendre le diagnostic posé, le plan de traitement et les soins de suivi. En jumelant les patients à des personnes qui peuvent communiquer avec eux dans des mots qu’ils comprennent, cet obstacle est supprimé et les patients sont mieux outillés pour comprendre ce que souhaite faire le médecin.
Grâce au programme d’APN, nous avons appris que l’un des facteurs les plus importants pour la longévité de programmes comme le nôtre est le fait de disposer de données pertinentes et de pouvoir montrer la corrélation avec de meilleurs résultats de santé pour les patients. Depuis sa mise en place, le programme d’APN a pu aider plus de 1 500 patients et, dans l’année qui a suivi celle où il était au stade de projet-pilote, nous avons pu constater que :
• 85,7 % des patients qui ont répondu à un sondage d’évaluation ont affirmé que le programme d’APN avait diminué leur stress et leur anxiété;
• 64 % estimaient que le programme avait amélioré la coordination après les soins;
• 57 % croyaient que le programme avait permis une sensibilisation aux différences culturelles, aux pratiques et aux traditions autochtones.
En fin de compte, lorsque vous analysez les services à caractère culturel qui répondent à des besoins exprimés par les communautés, vous vous rendez compte que la personne est au centre des soins et qu’il importe que le temps qu’elle passe dans le système de santé lui soit le plus profitable. Mais l’un de nos clients exprime le tout mieux que quiconque, en langue traditionnelle que nous avons traduite en français.
« Nakummek ilitsinut suliakagâtse tamâne. Ikajugatse
inûkatinet. Pitsiagusuagitse. »
« Merci à tous les deux de travailler ici, parce que vous aidez votre peuple. Continuez de faire de votre mieux. »
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