Dr Graham D. Sher, Chef de la direction, Société canadienne du sang
On a beaucoup dit et écrit sur les différents maux du système de santé canadien, certains allant même jusqu’à le déclarer non viable et trop coûteux, et d’autres de penser que tous les problèmes seraient résolus si le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux accordaient leurs violons.
Dans les conférences que je donne au Club économique du Canada, j’aborde ce que je pense être un élément important pour l’amélioration de notre système de santé.
La prestation des soins de santé relève des compétences des gouvernements provinciaux et territoriaux, tandis que le gouvernement fédéral intervient dans leur financement, la normalisation et le respect des principes de la Loi canadienne sur la santé, mais aussi dans la prestation de soins à certaines catégories de la population (Premières Nations, Métis, Inuits et anciens combattants, entre autres).
Or, il semblerait que nous ayons de plus en plus besoin de solutions à l’échelle nationale. Toutefois, la question principale reste à savoir si certaines choses ne peuvent être réalisées par une seule et même entité, si elles ne peuvent se faire que dans le cadre d’un partenariat entre nos gouvernements. En d'autres termes, dans quels cas doit-on se pencher sur des solutions pancanadiennes pour régler des questions habituellement considérées comme relevant des provinces et des territoires?
C’est cette question qui revient de plus en plus souvent depuis la conférence de Victoria, qui a eu lieu en début d'année, où les premiers ministres provinciaux et territoriaux se sont vivement opposés aux dispositions financières décidées unilatéralement et imposées par le gouvernement fédéral à la fin de 2011.
Cela peut sembler audacieux, mais je suis persuadé qu’au vu de la transformation réussie du système d’approvisionnement en sang que nous avons accomplie, et ce, grâce à notre structure de gouvernance et à un système de financement uniques, et forts de notre mandat interprovincial, la Société canadienne du sang dispose de compétences et d’une expérience sur lesquelles il est possible de se baser pour améliorer le système de santé dans d’autres contextes.
Hormis le fait que nous n’opérons pas au Québec, nous sommes, par essence, une organisation pancanadienne. Nous fonctionnons selon un système intégré à coûts partagés pour le sang, le plasma, les cellules souches et, depuis peu, les organes et les tissus.
Nous sommes la preuve vivante que l'union permet d'aboutir à de meilleurs résultats, plus durables qu'un système cloisonné.
Songez que les Canadiens ont tous accès à des produits sanguins de la même qualité, dans les mêmes conditions, quel que soit leur lieu de résidence : que vous soyez à Charlottetown ou à Moose Jaw, vous avez accès aux mêmes produits sanguins.
Prenez nos achats de protéines plasmatiques, il s’agit d’un excellent exemple d'achat en gros de produits pharmaceutiques, une solution à laquelle les gouvernements s'intéressent depuis des années.
Au nom des provinces et des territoires (à l’exception du Québec), nous exploitons et gérons un programme de 500 millions de dollars visant l’achat et la distribution de médicaments inscrits au formulaire. Nous sommes seuls responsables de l’achat et de la distribution de 35 agents biologiques utilisés pour le traitement de maladies telles que l’hémophilie et les maladies liées aux troubles immunitaires. En utilisant le pouvoir d’achat de l’ensemble des provinces et des territoires, nous avons réussi à obtenir de meilleurs prix et à améliorer la sécurité de nos produits, deux points capitaux pour l’ensemble des Canadiens.
En ce qui concerne l’approvisionnement en cellules souches pour le traitement des greffes, nous sommes sur le point de mettre en place une banque publique nationale de sang de cordon ombilical, nouvelle et importante source de cellules souches. Ce programme national, dont nous avons urgemment besoin, laissera un héritage durable en donnant aux patients en attente d’une greffe de cellules souches l’accès à ces soins tant attendus.
Enfin, prenez la stratégie en matière de greffe et de don de tissus que nous avons développée dans le document Passons à l’action, lequel contient une évaluation exhaustive des défis et des réalisations possibles dans les domaines du don et de la greffe d’organes et de tissus au Canada. Ce plan d’action dresse une liste des priorités pour la mise en place d’un système interprovincial, intégré et à coûts partagés, et contient des recommandations précises et ciblées permettant d’obtenir des avantages tangibles et mesurables pour l’ensemble des Canadiens.
La Société canadienne du sang constitue, par son existence même, son évolution fructueuse et sa gouvernance multijuridictionnelle, un merveilleux exemple pour le système de santé canadien. Il ne s’agit pas pour nous de fournir d’autres services que ceux dans lesquels nous sommes déjà engagés, ni de dire que notre modèle est le seul qui vaille la peine d’être étudié, mais d’indiquer, en partageant notre modèle de réussite, notre souhait de participer pleinement au débat sur la mise en place d’un système national de soins de santé.
Pour le bien de tous les Canadiens, nous sommes prêts à partager notre expérience et à enseigner les leçons que nous avons retenues. Nous tenons à faire entendre notre voix.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire