Rechercher sur ce blogue

31 janvier 2011

Améliorer votre littératie en santé avec le nouveau Guide du citoyen sur les indicateurs de la santé du Conseil canadien de la santé


John G. Abbott, chef de la direction, Conseil canadien de la santé

Les Canadiens sont chaque jour confrontés à de plus en plus de décisions à propos de leur santé et du système de soins de santé. Quel établissement de soins de longue durée conviendra le mieux à un parent âgé? Comment savoir si mon enfant est considéré en surpoids? Il est essentiel que les citoyens soient informés des faits pour prendre des décisions éclairées et pour mieux comprendre les décisions des gouvernements et des fournisseurs de soins de santé au sujet de notre système de santé.

Les indicateurs de la santé sont des statistiques de haute qualité qui nous fournissent ces faits essentiels. Ces statistiques nous permettent de mesurer et de comparer des facteurs importants qui influent sur notre santé. Notre nouveau Guide du citoyen sur les indicateurs de la santé est une ressource utile pour tours ceux qui veulent comprendre les origines des indicateurs de la santé, leurs objectifs et parfois leurs risques.

Les indicateurs de la santé sont très utiles à toutes les personnes qui travaillent dans le secteur de la santé, mais ils sont aussi fort importants pour les consommateurs de soins de santé. Le Toronto Health Policy Citizens’ Council a préconisé que les hôpitaux de l’Ontario publient obligatoirement des rapports sur des questions comme l’expérience des patients, les temps d’attente et les salles d’urgence. Cet organisme déclare que ces renseignements devraient être communiqués à partir d’une source centrale pour que les patients puissent décider en toute connaissance de cause de leurs fournisseurs de soins.

Par exemple, à l’avenir, à mesure que cet indicateur particulier sera plus développé, un aidant ayant un parent âgé pourra se servir des indicateurs de la santé pour conseiller ce parent quant à l’établissement de soins de longue durée qui convient le mieux à ses besoins. Ils pourront considérer un indicateur sur le nombre de chutes, qui donne le pourcentage de résidents ayant fait une chute dans les 30 derniers jours, ou ils pourront considérer le pourcentage des résidents qui ont des escarres de lit. Chacun de ces indicateurs aidera l’aidant à comparer les établissements de soins de longue durée pour son parent, au lieu de se fier uniquement aux observations faites durant une visite, pour prendre une décision plus éclairée.

Nous avons créé ce Guide pour aider les fournisseurs de soins, les patients, les citoyens intéressés, les membres de conseils d’administration et bien d’autres personnes du secteur de la santé à mieux comprendre les renseignements qu’ils obtiennent à propos des soins de santé. Comme nous nous fions aux indicateurs de la santé pour observer le rendement de notre système de santé, toutes les parties en cause doivent comprendre les limites de ces indicateurs.

Pour plus de renseignements, téléchargez le rapport complet ou voyez ce que nos blogueurs invités disent.

4 janvier 2011

L’Association canadienne de santé publique (ACSP)

Mme Debra Lynkowski, chef de la direction, Association canadienne de santé publique.

L'Association canadienne de santé publique (ACSP) félicite le Conseil canadien de la santé pour la publication de cet important rapport qui fait état de la nécessité d'un effort national intersectoriel sur plusieurs fronts pour s'attaquer aux déterminants de la santé comme moyen d'atteindre la santé pour tous au Canada. 

Lors de l'ouverture de la séance plénière de la conférence de 2008 de l'ACSP, le Professeur Michael Marmot nous a rappelé que tous les ministres du gouvernement sont des ministres de la Santé. Nous avons parlé des déterminants de la santé durant trois décennies. L'ACSP et de nombreuses autres associations professionnelles, organismes non gouvernementaux et groupes du secteur de la santé ont vivement recommandé des investissements dans les enjeux en santé de la population qui se situent en amont. Il y a maintenant de plus en plus de preuves concluantes qui viennent étayer la thèse des investissements dans une approche par déterminants de la santé pour régler la question de l'équité en santé. C'est le cas notamment d'une récente étude réalisée au Manitoba et qui est mentionnée dans le rapport du Conseil canadien de la santé, et de données provenant de nombreux autres pays.

Comme le soulignait le sous-comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie dans son rapport très remarqué déposé en 2009, le Canada est bien loin d'où il devrait se situer pour ce qui est de l'état de santé de sa population. Cela est particulièrement vrai pour les Autochtones, pour de nombreux sous-groupes vivant en régions rurales ou éloignées et pour les personnes qui se situent dans les couches socioéconomiques inférieures des grands centres urbains. Un leadership du gouvernement fédéral est essentiel pour donner le coup d'envoi au plan de travail national d'une stratégie pancanadienne pour la santé de la population. Les deux premières recommandations de ce rapport exposent clairement ce qui constituerait les fondements de cet effort national : que le premier ministre prenne les devants pour annoncer, élaborer et mettre en œuvre une politique pour la santé de la population au niveau fédéral en mettant en place et en présidant un comité du Cabinet sur la santé de la population et que le premier ministre convoque une rencontre avec les premiers ministres de provinces et des territoires en vue d'établir un mécanisme intergouvernemental de collaboration dans le cadre d'une stratégie pancanadienne pour la santé de la population.

Cette année a été marquée par un moment historique aux États-Unis, alors que le Congrès adoptait l'Affordable Care Act, la loi pour des soins de santé abordables. Cette Loi, qui passera à l'histoire, comprend des dispositions claires et complètes relatives à prévention, notamment avec des sommes allouées à la promotion de la santé et du bien-être. Elle s'attaque à la fragmentation des politiques et des mesures et au manque de coordination entre les organismes locaux, municipaux, fédéraux et d'État grâce à deux initiatives. La première est la mise sur pied du National Prevention, Health Promotion and Public Health Council (conseil national de prévention, de promotion de la santé et de santé publique). Présidé par le Surgeon General des États-Unis, le mandat de ce conseil consistera à coordonner et à mettre en œuvre le plan de travail national en matière de prévention. La deuxième initiative est la création du Prevention and Public Health Fund (fonds de prévention et de santé publique) mis sur pied pour investir dans les programmes de prévention et de santé publique visant à améliorer les résultats en santé et à réduire les coûts des soins de santé. S'il nous arrive souvent de critiquer les États-Unis parce qu'ils n'assurent pas un accès à des soins et à des services de santé de base à des millions de leurs citoyens, nous devrions peut-être nous pencher sur les dispositions de la nouvelle loi sur la réforme de la santé et en apprécier certains des aspects les plus progressistes, particulièrement en ce qui concerne la santé publique.

Au cours des dernières décennies, l'ACSP a constamment demandé que soit adoptée une approche en santé publique et santé de la population ici même au Canada. Notre association appuie énergiquement toutes les recommandations du rapport du sous-comité sénatorial. Nous avons écrit au premier ministre et l'avons pressé d'assurer un rôle de leadership dans la mise en place d'un processus qui déboucherait sur la création d'une stratégie pancanadienne en santé de la population.

Compte tenu de l'importance du revenu, de l'emploi, de la sécurité d'emploi, du logement, de l'éducation, de la sécurité alimentaire et du développement de la petite enfance, l'ACSP avait demandé au gouvernement du Canada, dans son budget de 2009, de créer un fonds spécial pour appuyer les initiatives qui visent à agir sur les déterminants sociaux de la santé. L'ACSP avait alors suggéré un investissement initial de 60 millions $, ce qui équivalait à environ 10 % du budget annuel de l'ASPC. Ce fonds, qui serait administré par l'Agence, serait réparti de façon à appuyer des initiatives à l'échelle nationale, provinciale ou territoriale et locale. 

À maintes reprises, l'ACSP a pressé le gouvernement fédéral d'envisager la mise sur pied d'un nouveau mécanisme de financement en santé publique, compte tenu du fait que cet aspect n'est pas couvert par la Loi canadienne sur la santé et que les services de santé publique ne sont pas officiellement pris en compte par le Transfert canadien en matière de santé (TCS). Compte tenu de l'insuffisance des fonds destinés à la santé publique dans le TCS, l'ACSP avait recommandé, dans son document d'information budgétaire au ministère des Finances, la création d'un Fonds national pour l'infrastructure de la santé publique de 1 milliard $ sur trois ans. L'objectif de ce fonds serait d'aider les unités de santé publique de partout au pays à déployer les programmes nécessaires pour répondre aux besoins actuels des populations qui forment leur clientèle. Ce fonds servirait aussi à soutenir les initiatives nationales, provinciales/territoriales et locales de promotion de la santé et de prévention liées aux déterminants sociaux de la santé. Comme le soulignait la firme Informetrica, des investissements de 1 milliard $ en services de santé pourraient multiplier le PIB par un facteur de 1,8 et créer près de 18 000 emplois.

Le Canada ne peut pas ignorer le fait que notre pays fait face à une situation très grave pour ce qui est des inégalités en santé entre les divers groupes de sa population. La santé publique est un bien commun. Le gouvernement fédéral a l'obligation et la responsabilité d'assurer le leadership national qui assurera l'égalité en matière de santé pour tous les Canadiens. Investir en santé publique est vital, que ce soit dans le cadre du soutien de base offert par l'Agence de la santé publique du Canada, par le paiement de transferts aux provinces et aux territoires comprenant des crédits affectés au soutien de fonctions et de programmes en santé publique, ou par des mécanismes qui permettront d'accroître les sommes disponibles pour répondre aux besoins essentiels, protéger et améliorer la santé et le bien-être des Canadiens. L'objectif de la santé pour tous est atteignable. Comme le soulignait la Commission de l'OMS, il nous faut « instaurer l'équité en santé en l'espace d'une génération; il le faut et c'est maintenant qu'il faut agir ». Ensemble, nous pourrons faire la différence et le moment est venu de le démontrer.

Mots Clés: Promotion de la santé

Changement de vitesse – amorçons-le maintenant!

Dr Blake Poland, professeur, Dalla Lana School of Public Health et ancien directeur du programme de maîtrise en sciences de la santé avec spécialisation en promotion de la santé de l’université de Toronto.
Beaucoup de choses méritent d’être saluées dans le nouveau rapport Changement de vitesse du Conseil canadien de la santé, qui traite de nouvelles approches pangouvernementales pour s’attaquer aux déterminants fondamentaux de la santé dans le contexte des inégalités grandissantes en santé entre les riches et les pauvres. Peu de sujets sont plus importants. Ni plus actuels. Plus particulièrement, le rapport va au-delà de ce que l’on aborde dans la documentation et condense la sagesse et les perceptions de nombreux joueurs clés haut placés qui cumulent des décennies d’expérience sur le terrain. À ce titre, ce rapport constitue une contribution appréciable au débat sur les meilleurs moyens de protéger et de promouvoir la santé des Canadiens. Pour cette question seulement, Changement de vitesse devrait être une lecture obligatoire dans toutes les écoles de santé publique et dans le cadre de tous les programmes de formation en politiques publiques à travers le pays.

Par contre, en tant que chef de la direction du Conseil canadien de la santé, John Abbott souligne, dans son avant-propos à ce rapport, que comprendre les déterminants de la santé n’est pas une idée nouvelle; on sait depuis longtemps que la santé est fortement influencée par des facteurs économiques, institutionnels, sociaux et culturels qui vont bien au-delà du champ de compétences du ministère de la Santé. Vingt-cinq années de rapports politiques de tous les paliers de gouvernement ont donné lieu à des appels pour que l’on insiste désormais sur la prévention au lieu du traitement et que la prévention jouisse d’une portée plus large et passe de l’éducation à de bonnes habitudes de vie au spectre complet des déterminants de la santé. Et encore aujourd’hui, une collaboration intersectorielle pour s’attaquer à ces déterminants de la santé représente un défi. Changement de vitesse est un portrait bienvenu et offert en temps opportun des possibles approches pangouvernementales pour ce faire, suivant un point de vue canadien dont nous avons grandement besoin.  

Mais ne nous méprenons pas : les obstacles structurels et les désincitatifs aux approches pangouvernementales sont considérables. Le Conseil canadien de la santé mérite des éloges pour s’être attaqué aux nombreux obstacles à la transmission du savoir en mesures concrètes. Et surtout, les principaux répondants consultés pour la préparation de ce rapport formulent des conseils judicieux et clairvoyants pour favoriser la mise en place d’une réelle approche pangouvernementale, formulés à la suite d’années d’expérience et de sagesse collective, impossible à trouver dans des documents déjà publiés et des publications non traditionnelles. Il en découle un rapport rempli d’idées sur les moyens de travailler avec ou en contournant les obstacles les plus courants.

Mes réflexions sur ce rapport m’amènent à me poser trois questions.
Tout d’abord, comment le système de santé pourrait-il être repensé afin d’offrir des structures incitatives qui encourageraient et récompenseraient la collaboration intersectorielle au lieu de considérer le travail pangouvernemental  comme une bonne chose à faire et qui peut s’ajouter avec un financement incertain, un leadership variable et une viabilité discutable? Le rapport propose des possibilités particulièrement intéressantes, mais il met judicieusement en garde contre les solutions qu’on voudrait universelles. La dynamique structurelle des systèmes politiques contemporains impose un certain nombre de limites quant à ce qui peut être réalisé, même avec les solutions de rechange les plus ingénieuses.

Deuxièmement, si les gouvernements peuvent accomplir beaucoup de choses pour faire preuve de leadership sur cette question (et qu’ils le font, à diverses mesures), afin que les approches pangouvernementales deviennent une pratique répandue, les électeurs doivent aussi l’exiger. Quelles sont les probabilités qu’ils le fassent? C’est là une question à laquelle il est beaucoup plus difficile de répondre.

Compte tenu du fait que les médias canadiens définissent la santé à travers le seul enjeu des soins, il n’est pas surprenant que la demande du public pour une approche pangouvernementale soit sans voix. Une récente étude réalisée par l’université Simon Fraser et portant sur plus de 4 700 nouveaux articles sur la santé dans 13 des principaux grands quotidiens canadiens a révélé que seulement 6 % d’entre eux étaient liés aux facteurs socioéconomiques de la santé, alors que 65 % traitaient principalement et exclusivement d’enjeux touchant la prestation, la gestion ou la réglementation des soins. De plus, d’autres recherches – et non uniquement des sondages du type de ceux cités dans le rapport, mais des études qualitatives offrant un point de vue plus détaillé, nuancé et global de la façon dont les gens perçoivent la santé – suggèrent que le public sait aussi instinctivement que la prévention est importante, que la pauvreté tue et que les soins de santé, s’ils sont essentiels et universellement reconnus comme précieux, sont davantage une question de redonner la santé compromise par divers facteurs qu’une question de prévention et de sauvegarde de la vitalité de la population. Mieux encore, ces recherches suggèrent que la façon dont les gens expliquent les inégalités en santé est que celles-ci ont beaucoup à voir avec la classe sociale et la position dans la hiérarchie sociale. Il n’est pas étonnant, d’autre part, de constater que les personnes relativement privilégiées tendent à considérer qu’une bonne santé est le résultat de choix personnels ou d’habitudes de vie. À l’opposé, les groupes marginalisés qui ont vécu du racisme institutionnalisé, de la discrimination en raison de leur classe sociale, de la pauvreté ou diverses autres formes de discrimination savent trop bien à quel point les facteurs structurels et les pratiques institutionnelles façonnent de façon déterminante le bien-être de chacun. Qui décide et quelles voix comptent réellement dans la prise de décision et les investissements des gouvernements? 

Quand vient le temps d’évaluer le désir des citoyens pour une attention renouvelée face aux déterminants fondamentaux de la santé, les tendances politiques récentes n’ont rien d’encourageant. Les gouvernements élus parce qu’ils promettent la loi et l’ordre, une réduction du déficit, des baisses d’impôt ou des plateformes de protection frontalière ne sont pas d’emblée des alliés de mesures pangouvernementales sur les déterminants de base de la santé telles que la réduction de la pauvreté. Et cela rend d’autant plus éloquentes les données relatives aux économies potentielles sur les dépenses en soins de santé que permettrait la réduction des inégalités sociales (on parle « d’analyse de rentabilisation ») que contient ce rapport. Elles ont le pouvoir de traverser tout le spectre idéologique, de rallier des intervenants disparates et de survivre aux soubresauts parfois volatiles du pouvoir politique. 

Dans la même veine, la troisième question que ce rapport a soulevée chez moi a trait à la constatation que ce qui semble manquer, ce ne sont pas les connaissances, mais bien la volonté politique. Convaincre les politiciens des mérites d’un tel travail, réaligner les incitatifs, créer de nouvelles structures organisationnelles, mobiliser l’opinion publique et susciter les pressions de la population paraît essentiel, mais est peut-être insuffisant. Au-delà de tout cela, se pourrait-il qu’il y ait des obstacles culturels qui empêchent de faire ce qui, nous les savons déjà, serait efficace? L’analyse de 2006 de Malcolm Gladwell, Million dollar Murray, à propos d’un sans-abri aux prises avec des problèmes de santé mentale et que l’on a ballotté d’une salle d’urgence à une autre et d’un programme de durée limitée à un autre, et qui fait la preuve de notre aversion sociale pour la prestation de logements en milieu de soutien, par exemple, démontre aussi qu’au bout du compte, nous payons plus cher (sur le plan fiscal, social et en termes de souffrance humaine) que si nous adoptions une approche globale et proactive. Présenter une étude de cas solide est peut-être important, mais ce n’est pas suffisant en présence de tels obstacles culturels (qui, il est important de le noter, sont régulièrement alimentés par le discours néolibéraliste des « assistés sociaux qui profitent du système » et des « pauvres qui méritent de l’aide comparativement à ceux qui n’en méritent pas », ainsi de suite).

Le rapport conclut par cet appel : « 
il est temps que s’accomplissent des changements considérables dans la façon de fonctionner du gouvernement, et dans la façon de penser des politiciens et des fonctionnaires ». S’il y a bien un moment où il faut penser autrement, c’est maintenant. Transposer le débat de la prestation de soins en collaboration à la création d’un revenu annuel garanti, par exemple, ne sera pas facile, même si au moins une municipalité au Canada a déjà adopté une telle loi. Dans une économie en récession (une récession qui risque de durer très longtemps), aider les pauvres à s’en sortir signifiera de plus en plus qu’il faudra accroître nos efforts de redistribution (au lieu de nous fier à la croissance pour aider les plus démunis, quoiqu’à la lumière des expériences passées, on risque d’être déçus). L’histoire récente donne à penser qu’il s’agira d’un défi considérable.  

Une chose est claire : la santé est politique! Le fait pour le gouvernement de la « renforcer » grâce à des efforts renouvelés en matière de mesures intersectorielles sur les déterminants fondamentaux de la santé ne dépend pas seulement d’un leadership inspiré, mais ne sera également possible que si les Canadiens se lèvent et l’exigent. À cet effet, on peut dire que nous avons beaucoup de pain sur la planche, même si nous sommes conscients de la somme considérable de travail réalisée par une quantité innombrable de groupes de citoyens et d’ONG sur ce front. Au bout du compte, c’est le travail concerté des intervenants de l’État et de ceux qui n’en font pas partie (le mélange d’intervenants du haut et de ceux du bas, que défend entre autres Glen Laverack) qui fera en sorte que le tout se concrétisera. Alors, retroussons nos manches et allons-y!

---
Le Dr Blake Poland est professeur à la Dalla Lana School of Public Health et ancien directeur du programme de maîtrise en sciences de la santé avec spécialisation en promotion de la santé de l’université de Toronto. Il est aussi ancien critique en promotion de la santé du Parti vert du Canada.


Mots Clés: Promotion de la santé

« Pourquoi devons-nous structurer notre société de façon à créer une santé malade? »

Michael Keeling, rédacteur anglais au Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé.
Dans une parution de mai-juin de la Revue canadienne de santé publique (il y a 25 ans), l’article du Dr Trevor Hancock intitulé Beyond Health Care: From Public Health Policy to Healthy Public Policy (Au-delà des soins de santé : d’une politique en santé publique à une politique pour un public en santé) met en opposition une politique en santé publique qui « accepte les acquis de notre système socioculturel actuel et qui, à l’intérieur de ces acquis, planifie un système de soins contre la maladie » et une politique pour un public en santé, qui s’interroge sur ces acquis en posant la question : « Pourquoi devons-nous structurer notre société de façon à créer une santé malade? »(1).

Les réponses à cette interrogation et à d’autres questions similaires ont permis de produire un corpus convaincant qui demande une action collective pour influer sur le paysage économique, social, culturel et environnemental qui détermine la santé. Et cela inclut des mesures qui auront des effets sur les politiques et y contribueront.

Le rapport du Conseil canadien de la santé, Changement de vitesse : Cibler, non plus les soins de santé au Canada, mais un Canada en santé s’inspire de cette documentation pour démontrer que les politiques qui, essentiellement, n’ont rien à voir avec la santé, peuvent avoir des effets profonds et inéquitables sur la santé des populations et de divers sous-groupes. Changement de vitesse résume intelligemment et contribue au plaidoyer pour une action structurelle.

Malgré les arguments convaincants propres aux raisons d’agir sur les déterminants sociaux de la santé, nous continuons à nous attarder au comment. Ce rapport contribue, entre autres choses, au comment en nous demandant d’observer :
  • que « la santé, c’est l’affaire de tous » (pages 7, 20 et 33); cela accroît le cercle de responsabilité pour apprendre et agir sur les résultats en santé; 
  • que nous devons mettre de côté nos vases clos et agir. L’action intersectorielle est le moyen de faire face à ces questions « complexes et qui sont étroitement liées et que leur issue est à longue échéance » (pages 20 et 23);
  • que la prévention structurelle influe sur les comportements. Les stratégies portant sur les modes de vie sains ont leurs limites en ce qui concerne l’amélioration de la santé et ce qu’il nous faut maintenant, c’est nous employer plus vigoureusement à mettre en place une action concertée axée sur les déterminants de la santé. (pages 17 et 32).

Ce point de vue crucial contribue à faire évoluer le concept du dossier simple (linéaire, unisectoriel et clairement de cause à effet) vers celui du dossier plus complexe (non linéaire, multisectoriel et moins prévisible). Les caractéristiques de ce dernier sont le domaine d’étude des problèmes plus graves, où les interventions exigent un « virage sismique » dans notre compréhension des choses.

Dans notre rôle de centre d’expertise en politiques publiques saines, nous observons des tendances prometteuses. Il y a tout d’abord des outils émergents pour s’attaquer à ces enjeux. L’évaluation des répercussions sur la santé utilise un cadre de référence des déterminants sociaux de la santé, et l’égalité est au cœur de ce processus. Parmi les autres outils prometteurs, on retrouve des méthodes d’analyse des politiques qui incluent l’égalité et l’applicabilité, et des approches intégrées pour encadrer le recensement des enjeux relatifs aux problèmes graves.

Une autre tendance que nous observons est celle d’un nombre grandissant de médecins en santé publique, d’organismes communautaires, d’organismes sans but lucratif et de membres des collectivités qui travaillent en collaboration entre les secteurs pour faire la différence, que ce soit à Sudbury, Saskatoon, Vancouver, Montréal, Toronto ou Natuashish.

Ce document constituera un tonique stimulant pour favoriser ces efforts, et ajoutera au mouvement pancanadien pour prévenir ou réduire le « durcissement des catégories ». 

Note 1. Trevor Hancock (1985), Beyond Health Care: From Public Health Policy to Healthy Public PolicyRevue canadienne de santé publique (76, Supplément 1, 1985).

---
Michael Keeling est rédacteur anglais et responsable du soutien aux produits de connaissances au Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé. Le CCNPPS cherche à accroître l’expertise des intervenants en santé publique à travers le Canada par le développement, le partage et l’utilisation des connaissances. Le CCNPPS est l’un des six centres financés par l’Agence de la santé publique du Canada. Ces six centres forment un réseau à travers le pays. Chacun est installé dans une institution différente et se concentre sur un aspect de la santé publique. Pour plus de détails, consultez le site Internet du centre au www.ccnpps.ca
.

Mots Clés: Promotion de la santé