Rechercher sur ce blogue

30 avril 2013

Les ressources humaines en santé (RHS) au Canada – 1re partie : quels sont les avantages de la planification en matière de RHS?


John G. Abbott, chef de la direction, Conseil canadien de la santé

Le domaine des soins de santé a toujours été et sera toujours un secteur à forte densité en matière de main-d’œuvre. À l’instar de la plupart des pays développés, le Canada consacre une importante part des sommes affectées aux soins de santé pour la formation et la rémunération de ses professionnels de la santé.

L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) a signalé qu’entre 1998 et 2008, les dépenses totales en matière de santé au sein du secteur public ont augmenté d’environ 7 % par année. Autrement dit, les dépenses publiques relatives aux soins de santé ont doublé, passant d’environ 60 à 121 milliards $ en l’espace d’une dizaine d’années. De 2008 à 2012, les dépenses publiques ont enregistré une nouvelle hausse de 20 % (à 145 milliards $).

Cette analyse a également démontré qu’une part importante de cette hausse est attribuable à l’augmentation des salaires d’une main-d’œuvre grandissante. En se basant encore sur les chiffres avancés par l’ICIC, on constate que plus de 360 000 infirmières et infirmiers réglementés ont occupé un emploi au Canada en 2011. Il s’agit d’une augmentation de plus de 8 % depuis 2007, ce qui équivaut à presque deux fois le taux de croissance de la population au Canada.

On reconnait de plus en plus qu’il serait possible d’obtenir un meilleur retour sur nos investissements en matière de ressources humaines en santé en assurant une meilleure gestion du programme de travail des professionnels de la santé, leur permettant par le fait même d’augmenter leur efficacité. Les équipes de soins de santé primaires illustrent bien ce phénomène.

Nous devons revoir notre approche et notre façon de penser pour que l’amélioration de notre système passe par nos effectifs en place, et non simplement par l’augmentation du nombre d’interventions en santé effectuées par un nombre croissant de professionnels de la santé; surtout lorsque l’on considère que cela se traduira par de meilleurs résultats en matière de santé pour la population canadienne.

Quelle est donc la situation du Canada, alors que le pays tente de se doter d’un système de santé viable et à haut rendement par l’entremise de ses effectifs?

Je vais présenter trois enjeux importants en matière de politiques qui découlent d’une incompatibilité entre nos besoins en matière de soins de santé et notre offre en professionnels de la santé. Je vais aussi aborder des solutions possibles en vue d’empêcher que cette situation ne se reproduise.

Le recours à des professionnels de la santé formés à l’étranger


Le Canada s’appuie depuis longtemps sur des médecins et des infirmières et infirmiers formés à l’étranger pour doter en personnel ses réseaux de santé, tout particulièrement dans les régions rurales et éloignées. Bien qu’il soit difficile d’obtenir des données récentes à ce sujet, il est évident que notre système de santé dépend de diplômés de l’étranger. Environ un médecin sur six ayant répondu au Sondage national des médecins 2010, a affirmé avoir complété sa formation en médecine à l’extérieur du Canada ou des É.-U. En soit, cette réalité n’a rien de mauvais. Par contre, le fait que nous dépendions de façon continue de ressortissants étrangers pour subvenir à nos besoins en dotation de personnel constitue une source de problème pour nous et pour les gouvernements de ces personnes.

Le Canada vise-t-il l’auto-suffisance de son offre en professionnels de la santé ou allons-nous poursuivre l’alimentation de notre système de recrutement à l’étranger? Si nous poursuivons ce type de recrutement, comment allons-nous affecter les diplômés de l’étranger là où l’on a le plus besoin d’eux?

La solution consiste alors à s’engager sur la voie de l’auto-suffisance. Pour permettre au Canada d’atteindre cet objectif, toutefois, les secteurs de la santé et de l’enseignement et de la formation se doivent de mettre en œuvre un plan conjoint à cet effet.

La sous-utilisation des médecins spécialistes


La deuxième problématique n’était même pas envisageable il y a à peine cinq ans : des médecins spécialistes sous-employés ou au chômage. La formation d’un médecin spécialiste engendre une affectation considérable de ressources; ce qui se traduit par un « rendement nul » si ce médecin ne peut exercer sa profession en raison d’un manque de capacité au sein du système de soins actifs ou d’autres systèmes. Dans les médias, on entend parler de jeunes chirurgiens remplis d’ardeur qui n’ont pas accès aux salles d’opération alors que des patients sont en attente de traitements.

Plusieurs intervenants réclament une meilleure planification des ressources humaines à l’échelle nationale et une meilleure diffusion de l’information aux étudiants en médecine afin de leur permettre de tracer un portrait plus précis de leurs chances d’accéder à des postes liés à des spécialités données, et dans des régions précises du pays.

La solution semble être une meilleure évaluation des besoins par province, puis la coordination et l’affectation de l’offre de médecins spécialiste pour répondre à ces besoins. Le contingentement au sein des établissements d’enseignement médical et le nombre de stages offerts aux étudiants diplômés en médecine seront revus et ajustés en conséquence.

La difficulté de recrutement de la main-d’œuvre dans le secteur des soins à domicile


Le dernier enjeu que j’aborderai est notre difficulté à offrir la prestation adéquate de soins de santé au nombre grandissant de personnes âgées du Canada. Notre dernier rapport nous permet de constater que les personnes âgées et leurs familles désirent recevoir des soins à domicile, et que la plupart des provinces canadiennes investissent dans le volet des soins à domicile de leur système de santé. Le Canada doit assurément élargir son offre de services à domicile, car il s’agit à l’heure actuelle d’une composante intégrale d’un système de santé à haut rendement. Or, la dotation en personnel en vue d’assurer la prestation de ces services s’avère un défi de taille en matière de ressources humaines. De la rémunération à l’enseignement et la formation, en passant par l’assurance de la qualité et les conditions de travail, le secteur des soins à domicile peine à se doter de suffisamment de personnel pour être en mesure de répondre adéquatement aux besoins de sa clientèle.

Les employés de soutien (c.-à-d. les agents de santé communautaires ou les assistants en soins continus) assurent la prestation de la majorité des services de soins à domicile, notamment pour les clients à long terme. Les assistants en soins continus ne sont pas réglementés, et leur niveau de formation varie selon les provinces et les territoires.

La solution consiste à designer ce secteur en tant que secteur en croissance, affecter des fonds supplémentaires pour la formation, améliorer les programmes d’amélioration de la qualité, et assurer un meilleur alignement du régime de rémunération et d’avantages sociaux afin d’accroître l’attrait de ce secteur au sein du système de la santé.

L’objectif du Canada demeure la mise en place d’un système de santé à haut rendement. Pour y parvenir, nous devons aborder de façon stratégique nos enjeux en matière de ressources humaines en santé. Cela étant dit, toute approche préconisée devra être explicite, proactive et pondérée, et devra reposer sur un ensemble commun de données factuelles.

Dans mon prochain blogue, je présenterai quelques-unes des démarches que nous devons entreprendre, en tant que pays, afin d’améliorer la gestion de nos ressources humaines en santé pour atteindre notre objectif, c’est-à-dire la mise en place du système de santé à haut rendement que veulent les Canadiennes et les Canadiens.

24 avril 2013

Le sommet sur la qualité des soins de santé de la Saskatchewan

Le sommet 2013 sur la qualité des soins de santé de la Saskatchewan a eu lieu à Regina la semaine dernière, et nous étions sur place pour y présenter notre dernier rapport Quelle voie mène à la qualité? et afin de faire la démonstration du Portail sur l'innovation de la santé.



Faits saillants du Sommet

 

Les participants du Sommet ont eu l’occasion d’entendre les opinions d’éminents orateurs dynamiques, y compris Helen Bevan, Brent James et ePatient Dave. Helen Bevan a ouvert la conférence en amorçant une discussion qui portait sur le changement et sur l'importance d'adopter une attitude « marginale » en matière d'organisation. Brent James a pour sa part parlé de l'importance des données, en accordant une attention particulière aux coûts liés aux mesures d'amélioration de la qualité mises en œuvre par Intermountain Health. Abondant dans le même sens que W. Edwards Deming, il a affirmé : « Ce qui est moins cher n'est pas forcément ce qu'il y a de meilleur, et ce qu'il y a de meilleur est toujours ce qu’il y a de moins cher » (cheaper is not always better, better is always cheaper). ePatient Dave a clos le Sommet en livrant le témoignage fascinant et émouvant du combat personnel qu'il a livré après avoir reçu un diagnostic de cancer du rein. À la suite de cette annonce, il entreprit des recherches sur Internet afin d'obtenir des renseignements au sujet de sa maladie, et a joué un rôle actif et déterminant dans le processus de planification de son traitement.
Plus de 600 participants ont pris part à la conférence, et de ce nombre, 10 % étaient des patients. L'implication proactive des patients reçoit de plus en plus de reconnaissance, notamment par le port de l'insigne Patients Included (patients inclus), créé par Lucien Engelen et son équipe, et présenté par ePatient Dave lors du sommet.

Qu'avons-nous appris?


  1. Rassembler les énergies nécessaires au changement à long terme peut faire une différence en permettant d'atteindre un haut niveau de rendement.
  2. La prestation de soins de santé améliorés à un moindre coût est possible si l'on met en place les structures et les stratégies adéquates
  3. Permettre aux patients d'aider. Les patients sont les membres les plus sous-utilisés de l'équipe de soins de santé; pourtant, ils ont beaucoup à offrir en vue d'améliorer le système de santé.
  4. Plusieurs initiatives importantes visant l'amélioration de la qualité des soins de santé sont en cours en Saskatchewan, au Canada et dans le reste monde;  nous pouvons en tirer des leçons.

Qu’avons-nous fait?

 

Les membres du personnel du Conseil canadien de la santé qui étaient présents ont été impressionnés par la qualité des présentations, ainsi que par la campagne de sensibilisation KnowYour Status et le Surgical Patient Experience Project. Nous avons également eu le plaisir de faire la démonstration du Portail de l'innovation de la santé aux participants présents en mettant l'accent sur les pratiques novatrices dont nous avons dressé le profil sous le thème « Amélioration de la qualité des systèmes de soins de santé ». Les gens sont venus en grand nombre visiter nos kiosques ipad interactifs, et ont manifesté beaucoup d'intérêt pour cet outil en ligne. Plusieurs participants et présentateurs de cette conférence afficheront bientôt leurs pratiques et leurs programmes novateurs sur le portail, restez branchés pour les mises à jour.


 

Que ferons-nous ensuite?


Je tiens encore à remercier tous ceux et celles qui sont venus visiter le kiosque du Conseil canadien de la santé! Si vous désirez nous livrer votre rétroaction quant au Portail de l'innovation en santé, veuillez prendre part à notre processus d'évaluation continue. Cliquez ici pour répondre à notre court sondage.

Au calendrier : nous serons présents lors de la Conférence annuelle sur la qualité 2013 : Un succès continu! d'Agrément Canada qui se déroulera les 9 et 10 mai prochains. Nous vous invitons à venir nous rencontrer lors de cet événement afin de faire l'essai du Portail de l'innovation en santé.

12 avril 2013

Participation des patients à l’amélioration de la qualité de la santé

Dr Dennis Kendel, conseiller, Conseil canadien de la santé 

Bien que la plupart des citoyens canadiens soient satisfaits des services de santé dans leur pays, les renseignements qui nous parviennent du reste du monde nous indiquent que la marge possible d’amélioration reste considérable pour ces services.

Dans le cadre des efforts d’amélioration, les premiers ministres provinciaux et territoriaux du Canada se sont engagés envers une nouvelle initiative passionnante conçue pour promouvoir et partager les approches novatrices, afin d’offrir des soins de santé plus sécuritaires et de meilleure qualité. Le premier ministre Brad Wall de la Saskatchewan est l’un des leaders de ce processus pancanadien.

En Saskatchewan, le ministère de la Santé, toutes les autorités sanitaires régionales et le Health Quality Council collaborent à un effort sans précédent d’amélioration pour garantir l’optimisation de la sécurité, de la pertinence et de la qualité des futurs soins de santé dans cette province. Dans cette optique, ces organismes mobilisent de nombreux travailleurs de la santé partout dans la province pour des activités d’amélioration de la qualité fondées sur les méthodologies LEAN.

Un autre projet crucial d’amélioration de la qualité est en cours en Saskatchewan, qui vise à garantir à tous les citoyens l’accès à des soins de santé primaires centrés sur le patient, conçus dans la communauté et dispensés en équipe. Ainsi, si un patient a un problème de santé chronique ou complexe, il bénéficiera de soins beaucoup plus intégrés et mieux coordonnés, dispensés par une équipe de professionnels de la santé (infirmières, pharmaciens, travailleurs sociaux, médecins généralistes, etc.) Toute l’équipe collaborera pour offrir des soins meilleurs, plus sûrs, au patient. La combinaison de leurs compétences, dans cette approche d’équipe, pourrait réduire les erreurs médicales et renforcer la planification des tests diagnostiques.

Toutefois, l’aspect le plus fascinant des activités d’amélioration de la qualité des soins de santé en Saskatchewan est l’effort fait pour obtenir la participation de nombreux patients et citoyens à ce processus. Beaucoup de projets d’amélioration de la qualité mobilisent les patients et les familles, qui contribuent au succès de ces activités.

Les 10 et 11 avril, le Health Quality Council organise un Sommet sur la qualité, à Regina. L’événement rassemblera des centaines de participants, venus de la Saskatchewan, du Canada et d’ailleurs dans le monde, autour d’un partage des connaissances sur l’amélioration de la qualité des soins de santé. Le plus extraordinaire à propos des plans de ce Sommet sur la qualité, c’est que le gouvernement de la Saskatchewan financera les coûts complets de participation pour jusqu’à 80 patients et membres des familles. Ceci marque un pas de plus en avant pour la Saskatchewan, où la participation des patients et des familles à l’amélioration de la qualité des soins de santé a cessé d’être purement symbolique pour devenir vraiment fondamentale.

Toutefois, la participation des patients et des familles à l’amélioration de la qualité des soins de santé ne devrait pas se cantonner aux conférences et aux ateliers. Cette participation doit se faire chaque jour, dans chacun des contextes des services de santé. La prochaine fois qu’un patient consultera son médecin généraliste, il devrait l’interroger sur les efforts d’amélioration de la qualité dans le secteur des soins primaires et lui demander s’il participe à ce processus.

En outre, voici comment chaque citoyen peut jouer un rôle dans l’amélioration des services de santé et de sa santé personnelle.
  • Quand les services de santé qui vous sont offerts ne répondent pas à vos besoins ou à vos attentes, parlez-en et dites au personnel soignant ce que vous pensez. 
  • Faites des suggestions constructives sur la manière dont les professionnels des soins de santé pourraient améliorer vos futures expériences des services de santé. 
  • Attendez des prestateurs de soins de santé qu’ils vous écoutent et qu’ils réagissent à vos suggestions. 
Votre vie et votre santé sont en jeu. Participez activement à un processus d’amélioration de vos expériences des soins de santé et de votre futur état de santé. Les citoyens peuvent jouer un rôle concret dans l’amélioration de la qualité du système de santé et de leurs propres soins de santé – et ils devraient le faire.

10 avril 2013

Activités d’amélioration de la qualité en Colombie-Britannique

Dr Les Vertesi, conseiller, Conseil canadien de la santé 

Le tout dernier rapport du Conseil canadien de la santé, Quelle voie mène à la qualité? Principales perspectives sur l’amélioration de la qualité des systèmes de soins de santé au Canada, conclut que la qualité des soins de santé constitue un enjeu majeur pour les gouvernements et les prestateurs de soins de santé depuis plus d’une décennie. La documentation sur la santé nous montre les coûts évitables, à la fois humains et financiers, qui pèsent sur notre système en raison des problèmes de qualité – coûts qui résultent des erreurs médicales. À cet égard, le Canada ne diffère pas des autres pays. Dans de nombreuses provinces canadiennes, divers conseils de la qualité de la santé rendent compte des efforts d’amélioration de la qualité du système. Chacun d’eux a pour tâche de concrétiser les efforts de qualité. Presque tous revendiquent des progrès limités, mais les changements mesurables à grande échelle restent rares, sauf dans quelques secteurs de sous-spécialisation.

La province de la Colombie-Britannique suit une voie similaire à celle des autres provinces, mais deux de ses initiatives méritent une mention spéciale. La première porte sur une réduction de la liste des temps d’attente, et la seconde a trait à la diminution des infections postopératoires et autres complications.

L’accès aux soins de santé est l’un des piliers de la qualité, et c’est aussi l’un des sujets les plus persistants de plaintes des Canadiens. Exception faite de quelques progrès dans certains domaines sélectionnés hautement prioritaires, comme celui des arthroplasties de la hanche et du genou, les Canadiens continuent d’attendre des soins plus longtemps, en moyenne, que dans presque tout autre pays développé. Ceci se produit en dépit de la profusion des preuves internationales montrant que les politiques de financement (hormis le montant total d’argent) sont un facteur majeur de notre problème de temps d’attente. Les pays qui maintiennent des budgets globaux fixes pour les hôpitaux ont tendance à connaître de longs temps d’attente, alors que ceux qui attribuent les fonds en fonction des services requis par les patients n’ont pas ce problème.

En 2010, la Colombie-Britannique est devenue la première province au Canada à adopter une forme restreinte de financement fondé sur les activités (FFA), où les fonds suivent les patients, et non pas les hôpitaux, comme dans les pays européens. L’un des plus grands hôpitaux de Vancouver a récemment montré comment il avait tiré parti de la souplesse inhérente du FFA durant neuf mois pour arriver à une réduction globale de 24 % des attentes et à une baisse de 70 % des plus longs temps d’attente, avec seulement une augmentation marginale (3 %) des cas.

Dans un objectif de sécurité des soins et de réduction des complications, la Colombie-Britannique a dépensé 12 millions $ l’an dernier pour inscrire 22 de ses plus grands hôpitaux au National Surgical Quality Improvement Program (NSQIP). Le NSQIP est un processus d’amélioration de la qualité conçu par l’American College of Surgeons, qui regroupe plus de 450 hôpitaux aux États-Unis, dont certains des centres les plus renommés sur le plan de la qualité. Ce système recueille des données détaillées sur les complications postopératoires auprès de chaque hôpital et renvoie à chacun une note pondérée en fonction des risques. C’est cette pondération axée sur les risques, accompagnée d’un classement relatif comparatif aux autres hôpitaux œuvrant dans le même secteur d’activités, qui rend les résultats du NSQIP si intéressants.

Ce n’est pas la première fois qu’un hôpital canadien entre au NSQIP, mais l’expérience d’un hôpital britanno-colombien qui s’est joint au NSQIP avant un FFA relate toute une histoire. Les premiers résultats ont montré que cet hôpital comptait parmi les moins performants de ceux de sa cohorte et cette rétroaction a suffisamment ébranlé sa confiance pour provoquer de profonds changements. Deux ans plus tard, cet hôpital s’était amélioré au point de se situer au-dessus de la moyenne de sa cohorte, avec des résultats probants de réduction des infections postopératoires et des retours aux salles d’opération, ainsi que des séjours plus courts en hôpital. Les expériences vécues par les patients étaient clairement meilleures, plus sûres. Mais les lits disponibles ont vite été occupés par d’autres patients, et comme l’hôpital conservait un budget fixe, sa situation financière a empiré, au lieu de s’améliorer. En fait, l’hôpital était vraiment parvenu à la qualité, mais il avait été puni pour cela. Les exemples de pratiques novatrices sont nombreux au Canada, mais très peu restent viables à long terme. Se pourrait-il que la cause soit attribuable au fait que notre système de financement punit par inadvertance la qualité quand elle se produit, là où elle se produit?

La situation en Colombie-Britannique, avec le financement fondé sur les activités, devrait maintenant être différente. Le NSQIP va contribuer à l’apport d’améliorations majeures de la qualité réelle et le FFA indemnisera, du moins en théorie, un établissement pour toute augmentation de la charge de travail qui en résultera. Au Canada, personne ne fait vraiment d’argent avec les hôpitaux, et ceci ne changera pas avec le FFA, mais au moins nous ne sévirons plus en matière de qualité. Alors, attendons et voyons si ceci fait une différence.

8 avril 2013

LA QUALITÉ DES SOINS DE SANTÉ : La voie à suivre

Dr Charles J. Wright, conseiller, Conseil canadien de la santé 

Pour parvenir à une excellente qualité au sein d’un système de soins de santé, comme dans toute autre entreprise, les facteurs de succès doivent être définis, mesurés, constamment suivis et ouvertement annoncés. La bonne nouvelle, c’est que presque toutes les instances et presque tous les organismes professionnels au Canada commencent à prendre très au sérieux la quête de la qualité mesurable des soins de santé, même si l’accent est placé sur différents aspects, avec plus ou moins de succès. Il y a au Canada une incohérence marquée, mais non surprenante, en raison de la quasi-indépendance des instances provinciales et du compartimentage des intérêts professionnels et organisationnels. Cependant, le rapport que vient de publier le Conseil canadien de la santé, Quelle voie mène à la qualité? Principales perspectives sur l’amélioration de la qualité des systèmes de soins de santé au Canada, présente un instantané intéressant des bonnes intentions et des bonnes idées qui sont explorées.

En Ontario, la « Loi de 2010 sur l’excellence des soins pour tous » définit clairement la voie à suivre pour améliorer la qualité du système de santé, en imposant la création et la mise en œuvre d’un processus officiel au sein de chaque organisme et hôpital de la province. Désormais, des comités de la qualité des soins doivent être formés, pour rendre compte au conseil d’administration des organismes; des plans annuels d’amélioration de la qualité, comprenant des indicateurs et des cibles clairs, doivent être établis et communiqués au ministère de la Santé et au public; l’atteinte d‘objectifs d’amélioration, énoncés dans les plans, doit être rattachée à la rémunération des cadres de direction, en tant qu’incitatif majeur. Des critères d’activités similaires seront exigés du secteur des soins primaires, à mesure que le plan provincial évolue. Qualité des services de santé Ontario (QSSO) a été créée pour diriger, appuyer, suivre ces activités et en rendre compte. Toute cette initiative a relevé la barre de la qualité des soins de santé en Ontario et mérite un appui enthousiaste, mais l’avenir réserve certains obstacles délicats.

Le consensus est maintenant généralisé sur ce que doit être la qualité des soins de santé, mais la façon d’y parvenir reste source de maints débats. En résumé, l’expression signifie un accès en temps opportun aux soins nécessaires, centrés sur le patient, sûrs et efficaces (menant à de meilleurs résultats de santé), financièrement abordables et viables. Malheureusement, tous les changements à faire pour parvenir au succès ne sont pas immensément populaires auprès des médecins, des politiciens ou même du public. L’indépendance traditionnelle féroce des médecins doit un jour céder la place à une volonté de créer des équipes et des organismes multiprofessionnels véritablement intégrés. Tous les politiciens n’ont pas soif de changement sur le plan des politiques et des lois requises, et le public a tendance à se méfier de toute ingérence dans les services actuels. De plus, tout plan de la qualité, dans tout système de soins de santé, doit tenir compte de la demande insatiable de services de plus en plus coûteux – services qui se soldent souvent par un très petit avantage, à un coût énorme. La nécessité réelle de tous ces examens, consultations, ordonnances et procédures actuels est sérieusement mise en doute et nous devons répondre à ces questions à partir de preuves rigoureuses, et non pas de traditions, de croyances ou d’intérêts particuliers. L’abordabilité durable des soins signifie que l’optimisation des fonds constitue véritablement une question de qualité, en raison de ce qu’on appelle « les coûts d’opportunités » de tout service public de santé. Toutes ces questions font l’objet de vastes débats parmi les professionnels de la santé, les politiciens et le public, mais nous ne pouvons pas continuer d’éviter de les régler.

Aucun commentaire sur la qualité des soins de santé au Canada ne peut éviter de souligner la nécessité d’un plan national de concertation. Comme le montre le rapport du Conseil de la santé, des initiatives remarquables sont en place dans la plupart des provinces, dont certaines sont intenses, par exemple en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario, mais la coopération nationale reste difficile. Il ne faut pas s’étonner que les progrès au Canada soient difficiles, lents et irréguliers dans leur ensemble, étant donné le grand nombre d’instances provinciales et le désintérêt accru du gouvernement fédéral. Tout processus réussi d’amélioration de la qualité doit non seulement comprendre une composante continue de mesure, d’évaluation et d’ajustement, mais aussi inclure le moteur puissant de comparaisons régulières avec des pairs. Est-il déraisonnable de penser que nous devrions, en tant que nation, créer et partager des activités, des objectifs, des attentes et des mécanismes de rapport, pour servir au mieux les intérêts de la haute qualité de ce que nous continuons d’appeler le système canadien de soins de santé?

4 avril 2013

La nécessité est mère d’innovation : Tournage de la série vidéo sur les temps d’attente, « Maîtriser les files d’attente 2013 »

C’est dur d’attendre et de faire la queue, mais c’est une réalité de la vie que nous connaissons tous. Par contre, c’est une chose de se retrouver dans une file d’attente pour un café, ou pour la sortie du nouvel iPhone, et c’en est une autre d’attendre des soins de santé! Attendre pour voir votre médecin de famille, pour un examen de santé; attendre une consultation aux urgences; être sur une liste d’attente pour une intervention chirurgicale : ce sont là des attentes que les Canadiens vivent au quotidien.

Au Canada, notre système de santé se caractérise par des temps d’attente supérieurs à la normale et les médecins, les décideurs de politiques et les autres experts des soins de santé conviennent tous qu’il faut agir pour y remédier.

C’est ce que font certains organismes et certaines provinces qui comptent parmi les chefs de file. À la fin du printemps, le Conseil de la santé commencera à diffuser une série vidéo sur les temps d’attente au Canada.

En préparation à ce projet, je suis allé à Ottawa le mois dernier pour tourner des images de la conférence Maîtriser les files d’attente. Mon collègue, Terry Glecoff, spécialiste des médias, et moi-même avons fait des entrevues avec les participants à cette conférence. Nous avons recueilli diverses opinions sur le sujet ainsi que des réponses à cette question complexe : pourquoi devons-nous attendre?

Dr Tom Noseworthy d’Alberta Health Services répond aux questions posées par Terry Glecoff, spécialiste des médias

L’un de nos interviewés, le DrTom Noseworthy, adjoint au médecin-hygiéniste en chef, Strategic Clinical Networks & Clinical Care Pathways, à Alberta Health Services, a donné cette réponse :
« Dans un système universel de soins de santé, où tout le monde est inclus, il y a généralement des enjeux d’accès – d’entrée des gens. Quand les gens ne sont pas tous inclus, il est plus facile de garantir l’accès. Mais les temps d’attente sont longs au Canada et nous devons procéder à une refonte du système pour l’améliorer. Nous faisons bien les choses sur le plan de l’inclusion, avec notre système universel. Nous ne faisons pas bien les choses sur le plan des temps d’attente. »

Stephen Vail de l’Association médicale canadienne en compagnie d’Ari Grief, chef de projet pour notre future série vidéo sur les temps d’attente

J’ai non seulement tourné des images, mais j’ai eu aussi l’occasion de demander à des leaders de la santé ce qu’ils pensaient des temps d’attente. L’idée principale que j’ai retenue de la conférence, c’est que de nombreuses pratiques novatrices permettent actuellement de réduire les temps d’attente au Canada, dans divers contextes – il s’agit juste de faire passer le message aux autres instances, partout dans le pays.

En plus de l’entrevue avec le Dr Noseworthy, nous avons recueilli divers points de vue sur les temps d’attente. Nous les présenterons avec des pratiques novatrices qui permettent de réduire les temps d’attente dans notre future série vidéo.

Restez des nôtres!

Par Ari Grief, spécialiste des communications bilingues/chargé du projet de la série vidéo sur les temps d’attente au Canada.

2 avril 2013

Le Conseil canadien de la santé annonce le nom des gagnants du quatrième Défi de l’innovation en santé

Le Conseil canadien de la santé dévoilait aujourd’hui le nom des gagnants de son quatrième Défi de l’innovation en santé. En septembre, nous avions lancé un défi aux étudiants des collèges et des universités : identifier des pratiques novatrices dans le domaine des soins de santé au Canada, puis expliquer pourquoi ces innovations sont efficaces et comment elles pourraient être appliquées au reste du pays.

Plus de 100 étudiants de partout au Canada ont relevé notre défi et ont soumis au total 74 essais expliquant quelles pratiques novatrices pourraient, à leur avis, transformer l’avenir des soins de santé au Canada. De ce nombre, dix finalistes ont été retenus et parmi ceux-ci, on a choisi les gagnants de la première, deuxième et troisième place dans la catégorie individuelle, et on a fait de même dans la catégorie des groupes.

Les projets gagnants proviennent de l’Université de l’Alberta, de l’Université Dalhousie, de l’Université McMaster, de l’Université Northern British Columbia et de l’Université de Toronto.

« Les gagnants du Défi de cette année nous ont réellement montré l’importance de faire connaître l’innovation, a déclaré John G. Abbott, chef de la direction du Conseil canadien de la santé. Les étudiants ont choisi des pratiques tout à fait intéressantes et efficaces à l’échelle locale. Nous devrions être attentifs à ces exemples afin de voir si nous pouvons en tirer des enseignements et si nous pouvons utiliser ces pratiques dans notre travail. »

Le Conseil canadien de la santé choisit et partage des centaines de pratiques novatrices de partout au pays grâce à son Portail de l’innovation en santé. Les textes des lauréats du Défi seront publiés dans ce portail et dans les propriétés numériques du Conseil canadien de la santé. Les gagnants recevront également un prix en argent et la chance de poser leur candidature pour un stage d’été au Conseil canadien de la santé à Toronto, en Ontario.

Lauréats 


Catégorie individuelle 
Première place  
Mary Qiu
Université de Toronto
Preventing Acute Care Hospital Readmissions Through the Use of a Virtual Ward

Deuxième place 
Sophia Harrison
Université de Northern British Columbia
A New Way Forward: Improving the Health Status of British Columbian First Nations with the Tripartite First Nations Health Plan

Troisième place
Jake Yorke
Université Dalhousie
Collaborative Emergency Centres: Improving Access to Primary and Emergency Care in Rural Nova Scotia

Catégorie de groupe 
Première place  
Aaron Lau, Alexandre Tran, Yvonne Tse
Université McMaster
The McMaster PIPER Project: A Novel Approach to Interprofessional Education through Simulation-Based Learning

Deuxième place 
Haley Augustine & Rakesh Gupta
Université Dalhousie
Chronic Disease Management Strategy: Diabetes Quality Collaborative

Troisième place
Kathryn Reid & Joshua Plante
Université de l’Alberta
Changing Practice Paradigm through Innovative Policy