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8 avril 2013

LA QUALITÉ DES SOINS DE SANTÉ : La voie à suivre

Dr Charles J. Wright, conseiller, Conseil canadien de la santé 

Pour parvenir à une excellente qualité au sein d’un système de soins de santé, comme dans toute autre entreprise, les facteurs de succès doivent être définis, mesurés, constamment suivis et ouvertement annoncés. La bonne nouvelle, c’est que presque toutes les instances et presque tous les organismes professionnels au Canada commencent à prendre très au sérieux la quête de la qualité mesurable des soins de santé, même si l’accent est placé sur différents aspects, avec plus ou moins de succès. Il y a au Canada une incohérence marquée, mais non surprenante, en raison de la quasi-indépendance des instances provinciales et du compartimentage des intérêts professionnels et organisationnels. Cependant, le rapport que vient de publier le Conseil canadien de la santé, Quelle voie mène à la qualité? Principales perspectives sur l’amélioration de la qualité des systèmes de soins de santé au Canada, présente un instantané intéressant des bonnes intentions et des bonnes idées qui sont explorées.

En Ontario, la « Loi de 2010 sur l’excellence des soins pour tous » définit clairement la voie à suivre pour améliorer la qualité du système de santé, en imposant la création et la mise en œuvre d’un processus officiel au sein de chaque organisme et hôpital de la province. Désormais, des comités de la qualité des soins doivent être formés, pour rendre compte au conseil d’administration des organismes; des plans annuels d’amélioration de la qualité, comprenant des indicateurs et des cibles clairs, doivent être établis et communiqués au ministère de la Santé et au public; l’atteinte d‘objectifs d’amélioration, énoncés dans les plans, doit être rattachée à la rémunération des cadres de direction, en tant qu’incitatif majeur. Des critères d’activités similaires seront exigés du secteur des soins primaires, à mesure que le plan provincial évolue. Qualité des services de santé Ontario (QSSO) a été créée pour diriger, appuyer, suivre ces activités et en rendre compte. Toute cette initiative a relevé la barre de la qualité des soins de santé en Ontario et mérite un appui enthousiaste, mais l’avenir réserve certains obstacles délicats.

Le consensus est maintenant généralisé sur ce que doit être la qualité des soins de santé, mais la façon d’y parvenir reste source de maints débats. En résumé, l’expression signifie un accès en temps opportun aux soins nécessaires, centrés sur le patient, sûrs et efficaces (menant à de meilleurs résultats de santé), financièrement abordables et viables. Malheureusement, tous les changements à faire pour parvenir au succès ne sont pas immensément populaires auprès des médecins, des politiciens ou même du public. L’indépendance traditionnelle féroce des médecins doit un jour céder la place à une volonté de créer des équipes et des organismes multiprofessionnels véritablement intégrés. Tous les politiciens n’ont pas soif de changement sur le plan des politiques et des lois requises, et le public a tendance à se méfier de toute ingérence dans les services actuels. De plus, tout plan de la qualité, dans tout système de soins de santé, doit tenir compte de la demande insatiable de services de plus en plus coûteux – services qui se soldent souvent par un très petit avantage, à un coût énorme. La nécessité réelle de tous ces examens, consultations, ordonnances et procédures actuels est sérieusement mise en doute et nous devons répondre à ces questions à partir de preuves rigoureuses, et non pas de traditions, de croyances ou d’intérêts particuliers. L’abordabilité durable des soins signifie que l’optimisation des fonds constitue véritablement une question de qualité, en raison de ce qu’on appelle « les coûts d’opportunités » de tout service public de santé. Toutes ces questions font l’objet de vastes débats parmi les professionnels de la santé, les politiciens et le public, mais nous ne pouvons pas continuer d’éviter de les régler.

Aucun commentaire sur la qualité des soins de santé au Canada ne peut éviter de souligner la nécessité d’un plan national de concertation. Comme le montre le rapport du Conseil de la santé, des initiatives remarquables sont en place dans la plupart des provinces, dont certaines sont intenses, par exemple en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario, mais la coopération nationale reste difficile. Il ne faut pas s’étonner que les progrès au Canada soient difficiles, lents et irréguliers dans leur ensemble, étant donné le grand nombre d’instances provinciales et le désintérêt accru du gouvernement fédéral. Tout processus réussi d’amélioration de la qualité doit non seulement comprendre une composante continue de mesure, d’évaluation et d’ajustement, mais aussi inclure le moteur puissant de comparaisons régulières avec des pairs. Est-il déraisonnable de penser que nous devrions, en tant que nation, créer et partager des activités, des objectifs, des attentes et des mécanismes de rapport, pour servir au mieux les intérêts de la haute qualité de ce que nous continuons d’appeler le système canadien de soins de santé?

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