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23 janvier 2013

Progrès du DME au Canada : En réaction au 7e bulletin Les soins de santé au Canada, c’est capital de janvier 2012 : Résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth

Lynne Zucker est vice-président, intégration des systèmes cliniques, Inforoute santé du Canada

Je viens tout juste de lire Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé, une excellente analyse des Résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth. On y dresse un portrait complet du contexte canadien concernant les résultats du sondage du Fonds du Commonwealth incluant des comparaisons claires à l’échelle provinciale et internationale, ainsi que les tendances d’après les données des sondages précédents. J’ai trouvé que l’analyse était facile à lire et informative.

Qu’est-ce que j’ai retenu? Bien que les résultats du Canada indiquent que le pays est sur la bonne voie en général, le Canada n’est pas un chef de file à l’échelle mondiale dans la plupart des principaux secteurs des soins dont il est question dans le sondage.

Le Conseil canadien de la santé estime avec justesse que l’adoption des systèmes de dossiers médicaux électroniques (DME) par les médecins de soins primaires constitue une lueur d’espoir, les taux d’adoption ayant presque doublé depuis 2006. Toutefois, cette bonne nouvelle est assombrie par le fait que le Canada est toujours en retard sur de nombreux pays à ce chapitre et qu’il devra continuer à faire des efforts pour les rattraper.

Cela dit, tous les pays ont du chemin à faire pour assurer la multifonctionnalité des DME.
Ces systèmes permettent de gérer l’entrée d’ordonnances, de générer des renseignements sur les patients et provenant de groupe d’experts ainsi que d’appuyer l’aide à la décision clinique. Certains pays au taux d’adoption global très élevé comme la Norvège (98 p. 100) ont montré des résultats nettement moins élevés concernant la multifonctionnalité (4 p. 100).


Comparaison internationale de l’utilisation des DME en première ligne

© 2012 Commonwealth Fund International Health Policy Survey

Malgré les défis à relever, j’ai terminé la lecture du bulletin avec optimisme. Pourquoi? Je vois maintenant que bon nombre d’initiatives prévues ou mises en œuvre actuellement nous permettront d’obtenir de meilleurs résultats lors du prochain sondage. Plus de provinces utilisent les fonds accordés par Inforoute Santé du Canada pour lancer ou développer des programmes de DME pour les médecins et les infirmières praticiennes. Grâce à la bonne combinaison d’incitatifs et de soutien en place, je m’attends à ce que la forte croissance dans l’adoption du DME se poursuive. Les investissements d’Inforoute dans les programmes de soutien des pairs et de formation des cliniciens permettront d’améliorer l’utilisation avancée des DME, ce qui aura des répercussions sur les résultats des prochains sondages. Par exemple, le nombre de médecins pouvant établir des groupes de patients par diagnostic, résultat de laboratoire ou rappel de rendez-vous augmentera. Notre travail sur l’interopérabilité du DME et le fait que bon nombre des provinces et des territoires aient comme priorité de relier les DME aux hôpitaux et aux autres parties du réseau de santé vont également permettre d’obtenir de meilleurs résultats en ce qui concerne les notifications de visites à l’urgence, l’information sur les congés et les rapports de spécialistes.

Nos progrès réalisés jusqu’à présent et les défis à relever mentionnés dans le sondage offrent de nouvelles possibilités à Inforoute Santé du Canada et aux professionnels de la santé en soins primaires. Que pensez-vous de ces résultats?

22 janvier 2013

La qualité des soins primaires dépend de la région où vous vivez au Canada


La Dre Tara Kiran est médecin de famille et chercheuse à St. Michael’s Hospital. Elle travaille aussi à temps partiel en tant que conseillère en soins primaires au Réseau local d’intégration des services de santé du Centre de Toronto.

Les Canadiens sont fiers de leur système de santé publique et ils disent systématiquement être satisfaits des services de santé qu’ils reçoivent. Mais peut-être devraient-ils demander de meilleurs services.

Le plus récent rapport du Conseil canadien de la santé présente les conclusions du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth auprès des médecins de soins primaires, effectué dans 10 pays à revenus élevés. Dans presque tous les domaines – de l’accès aux soins à leur coordination, en passant par l’utilisation de la technologie de l’information – le Canada se classe en dernière place ou presque.

Il ne faut pas s’étonner de la piètre performance du Canada par rapport aux autres pays. Après tout, le Canada était arrivé au bas du classement, ou presque, dans un sondage similaire en 2009. Toutefois, j’ai été surprise par les écarts considérables de qualité des soins primaires entre les provinces.

Les résultats du Québec étaient systématiquement bien inférieurs à la moyenne nationale canadienne. Seuls 22 % des médecins de soins primaires au Québec disent que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même ou le lendemain, alors que la moyenne canadienne nationale se situe à 47 % (la plus basse des moyennes nationales de tous les autres pays). Seuls 8 % des médecins québécois ont dit être avisés quand leurs patients se rendent aux urgences, comparativement à une moyenne canadienne de 30 %. Et seuls 26 % des médecins au Québec disent qu’ils utilisent les dossiers médicaux électroniques, alors que la moyenne canadienne se situe à 57 % (en avant-dernière place parmi tous les autres pays).

En revanche, les médecins de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse sont tous arrivés en position supérieure à la moyenne canadienne en ce qui concerne les rendez-vous le jour même ou le lendemain. Les médecins de l’Ontario étaient beaucoup plus susceptibles d’offrir des services à leurs patients après les heures normales et de partager cette responsabilité avec d’autres collègues. Les médecins en Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse étaient systématiquement plus susceptibles d’utiliser la technologie de l’information dans le cadre de leur profession, d’évaluer leur performance en fonction d’objectifs et de bénéficier d’incitatifs financiers dans certains domaines de prestation des soins.

L’Ontario et la Colombie-Britannique sont deux provinces qui ont considérablement investi pour améliorer leur système de soins primaires. Au cours de la dernière décennie, la plupart des médecins de soins primaires en Ontario ont adopté de nouveaux modèles de pratique et ont signé des accords contractuels avec le gouvernement, qui leur demande d’inscrire officiellement leurs patients et de leur offrir des services après les heures normales, ou qui leur accorde des incitatifs pour le faire. Pour certains modèles de pratique, les médecins en Ontario sont sanctionnés financièrement si leurs patients vont dans des cliniques sans rendez-vous, mais financièrement récompensés si les soins prodigués à leurs patients répondent à certains objectifs de qualité. L’adoption des dossiers médicaux électroniques est subventionnée dans la plupart des modèles et elle est exigée par certains. De plus, un programme provincial d’amélioration de la qualité a aidé des centaines de médecins à améliorer l’accès à leurs cliniques.

La Colombie-Britannique a opté pour une approche différente mais tout aussi ambitieuse en vue de réformes. Depuis 2002, le General Practices Services Committee – partenariat entre la BC Medical Association et le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique – se fait le champion de plusieurs initiatives allant de nouveaux incitatifs financiers pour gérer les maladies chroniques à des modifications de codes de facturation pour encourager les consultations au téléphone et par courriel, en passant par un programme complet de soutien de la pratique qui inclut une formation en vue d’améliorer l’accès des soins aux patients.

D’autres provinces ont aussi tenté d’apporter des réformes à la prestation des soins primaires, mais comme l’a souligné le Conseil canadien de la santé il y a des années, les résultats des tentatives de réformes à l’échelle du pays n’ont pas été systématiquement examinés et les approches judicieuses ne se sont pas propagées.

La vaste gamme des mesures de la qualité des soins de santé qui varient entre les provinces devrait nous amener à remettre en question la notion d’un système « canadien » de soins de santé. Le gouvernement fédéral a défendu son approche non interventionniste envers les soins de santé mais, sans son influence, les Canadiens qui vivent dans les différentes provinces continueront de vivre des expériences différentes de soins de santé– au détriment de certains d’entre eux.

Quel plaisir de voir les Britanniques célébrer avec fierté leur service national de santé, lors des cérémonies d’ouverture des récents Jeux olympiques d’été! Notre gouvernement fédéral doit continuer d’investir et de surveiller judicieusement la prestation des soins de santé, pour que nous puissions conserver une fierté similaire envers notre système canadien de santé publique.

21 janvier 2013

Étape cruciale pour les soins primaires

Le Dr Brian Goldman est un médecin urgentiste chevronné. Il est aussi l’un des reporters médicaux les plus respectés, en tant que présentateur de « White Coat, Black Art », émission de CBC Radio One.

Quand le commissaire Roy Romanow a remis son rapport sur L’avenir des soins de santé au Canada, il a déclaré ceci à propos des soins primaires :

« Il y a une entente quasi universelle qui s’accorde pour dire que les soins de santé primaires offrent des avantages éventuels extraordinaires au système de soins de santé pour les Canadiennes et les Canadiens. »

Dire que les soins primaires sont d’une importance critique pour la santé des Canadiens n’est pas qu’une figure de style. De nombreuses études ont montré que les gens qui n’ont pas accès aux soins primaires sont plus susceptibles de souffrir de diabète, d’hypertension artérielle, de dyslipidémie et d’une foule d’autres maladies chroniques.

Mon père en donne un exemple parfait. Il est resté en bonne santé la plus grande partie de sa vie, grâce à son bon capital génétique. Au lieu de consulter un médecin de famille formé en résidence, mon père consultait un médecin généraliste vieillissant qui avait (franchement) bien dépassé la date « meilleur avant ». Bien sûr, mon père faisait un contrôle médical annuel chez son médecin. Mais j’ai l’impression que ce bon médecin se contentait d’ausculter le cœur et les poumons de mon père, s’émerveillait de sa résilience et le laissait repartir droit devant.

Quand mon père a réellement commencé à avoir besoin de soins médicaux, il était trop préoccupé par ma mère qui souffrait de la maladie d’Alzheimer. Mais tout s’est précipité il y a un peu plus de deux ans, quand il a été frappé par une pneumonie aiguë et a dû être hospitalisé.

De toute sa vie, mon père n’avait jamais mis les pieds dans un hôpital. Mais tout cela allait changer – considérablement.

« La pointe de l’iceberg » peut à peine commencer à décrire les problèmes de santé de mon père. En plus de la pneumonie, le médecin urgentiste qui l’a examiné a découvert une insuffisance cardiaque congestive. Dans les quatre heures qui ont suivi son arrivée aux urgences, les segments ST de son électrocardiogramme ont grimpé en flèche, signalant une crise cardiaque. Un angiogramme a révélé un grave problème dans trois vaisseaux coronaires, qui ne se prêtait ni à un pontage coronarien, ni à une angioplastie. Les médecins ont donc prescrit un traitement médical intensif à mon père pour ses artères bloquées et pour tous les facteurs de risque qui avaient causé le blocage.

En ce qui concerne les facteurs de risque, mon père avait le tiercé : dyslipidémie grave, hypertension mal gérée et diabète de type 2 compliqué par une maladie chronique des reins. Quand mon père est finalement sorti de l’hôpital, sa fiche de départ comprenait sept diagnostics différents. Il est rentré à la maison avec une ordonnance pour 10 médicaments et un programme complexe de contrôle et traitement.

Vous comprenez la situation. Bien que mon père ait consulté un médecin de nom, aucun facteur de risque de ces maladies chroniques graves n’avait été détecté à temps. Alors, imaginez ce que vivent les gens qui n’ont pas du tout accès aux soins primaires.

En tant que présentateur de « White Coat, Black Art », sur CBC Radio One, j’ai vu de près les conséquences de l’absence de soins primaires. À Peterborough, j’ai visité une clinique pour patients-orphelins, projet pilote conçu pour permettre aux gens qui n’ont pas vu de médecin depuis des années d’obtenir « une vérification générale » faite par une infirmière praticienne, avec des examens médicaux et un aiguillage vers des spécialistes, au besoin. Patient après patient, j’ai vu des gens dont la santé avait été incroyablement négligée. La plupart étaient comme mon père, mais plus mal en point encore. J’ai même vu un vieux monsieur dont le diagnostic a révélé un cancer des poumons qui avait probablement couvé pendant des années.

Comme Roy Romanow l’a dit dans son Rapport de la Commission, l’accès aux soins primaires est non seulement essentiel pour les patients, mais aussi pour le système. Tôt ou tard, même les patients-orphelins finiront aux urgences, avec un besoin de soins bien plus grand que s’ils avaient eu décemment accès aux soins primaires. Tout ceci est très coûteux, en fonds publics, pour vous comme pour moi.

C’est pourquoi j’ai lu avec un vif d’intérêt un nouveau rapport du Conseil canadien de la santé, Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé? Ce rapport présente les résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires.

Les problèmes signalés par les médecins canadiens de soins primaires sont révélateurs. Selon ce rapport, seulement 47 % de ces médecins accordent des rendez-vous le jour même ou le lendemain, ce qui les classe au dernier rang des médecins parmi les neuf autres pays qui ont participé au sondage. Le rapport a aussi constaté que les médecins canadiens étaient les moins susceptibles de faire des visites à domicile ou de prendre des dispositions pour que leurs patients puissent éviter une visite aux urgences quand leur cabinet médical est fermé. Certes, le rapport montre que plusieurs provinces font mieux que les autres, mais le tableau général fait ressortir la médiocrité dans le domaine de l’accès aux soins.

Outre les difficultés d’accès, les autres problèmes signalés dans le rapport découlent d’un manque flagrant d’efficacité qui nuit clairement à la prestation des soins primaires. Ainsi, 38 % des médecins interrogés disent avoir souvent des difficultés à obtenir des diagnostics spécialisés pour leurs patients. Seulement 16 % des médecins de famille ont déclaré que les hôpitaux leur envoyaient les renseignements requis pour un suivi dans les 48 heures après la sortie de l’hôpital de leurs patients. Et seulement 26 % ont dit qu’ils recevaient toujours un rapport des spécialistes consultés par leurs patients.

Sur le plan de l’auto-amélioration, les résultats sont très contrastés parmi les médecins de famille. Ainsi, le rapport a conclu que l’utilisation des dossiers médicaux électroniques (DME) a doublé depuis 2006, atteignant 57 %. De plus, l’utilisation de la prescription électronique est en hausse. En revanche, il est clair que le potentiel des DME n’est pas encore complètement exploité. Selon le rapport, seulement 41 % des médecins de soins primaires peuvent aisément créer une liste de leurs patients en fonction d’un diagnostic – alors que c’est là un critère essentiel pour faire des rappels opportuns aux patients et pour procéder à des vérifications de la qualité des pratiques.

Pour moi, le plus grand problème du système de santé contemporain, c’est le manque de responsabilisation. Ce rapport montre que les soins primaires ne font pas exception. Comparativement aux autres pays, il indique que les médecins canadiens de soins primaires sont parmi les moins susceptibles de travailler dans un contexte médical qui évalue la performance clinique en fonction de critères qualitatifs.

À mon avis, avec ce rapport, il n’est plus question de simplement demander davantage de médecins, mais de se poser la question suivante : la médecine familiale et les soins primaires vont-ils dans la direction requise et voulue par les Canadiens?

Mon père n’aurait jamais pu faire face à ses problèmes de santé sans les soins et les conseils d’un médecin de famille prévoyant. Je serai éternellement reconnaissant au généraliste qui a accepté de prendre mon père comme patient. Après tout, mon père avait 89 ans et la liste de ses problèmes médicaux continus était longue comme le bras. Il aurait donc été très facile pour tout médecin de famille de le refuser. Je suis non seulement reconnaissant à son médecin d’être prévoyant, mais aussi de se montrer déterminé à utiliser les nouvelles technologies et les autres moyens d’amélioration pour faire mieux encore.