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4 juin 2012

De meilleurs liens sur le plan local donneront de meilleurs indicateurs sur le plan national

Gary Teare, Ph. D, fait partie du Conseil de la qualité en santé (Saskatoon, SK) en tant que directeur de la mesure et de l’analyse de la qualité depuis janvier 2005. Le Dr Teare y dirige une équipe de chercheurs et d’analystes qui participent aux travaux du Conseil concernant l’évaluation de la qualité des soins de santé en Saskatchewan et la présentation de rapports à ce sujet; ils aident également à développer la capacité de mesurer la performance du système de santé. Les recherches menées par le Dr Teare lui-même se sont concentrées principalement sur des questions de mesure de la performance dans les soins de santé.

Alors que nous approchons du terme du « Plan décennal pour consolider les soins de santé » élaboré en 2004 par les ministres de la Santé, le Conseil canadien de la santé constate dans son Rapport de progrès 2012 : Renouvellement des soins de santé au Canada, qu’en dépit de grands progrès, on n’a pas saisi des occasions importantes qui se présentaient. L’une de celles que le Conseil désigne est l’absence persistante, dans le cadre de la performance du système de santé, de buts communs à tout le pays et accompagnés d’un ensemble de mesures comparables, en vertu desquels nous nous considérons comme tenus de rendre compte des progrès au public.

De fait, dans un autre de ses rapports, Mesure de la performance du système de santé et production de rapports au Canada :Possibilités d’optimisation, publié en mai 2012, le Conseil relève l’impossibilité virtuelle de mener à bien son mandat de suivre les progrès des provinces envers les buts adoptés dans l’accord fédéral, provincial et territorial de 2004 et d’en faire rapport, étant donné l’état passablement inadéquat et quelque peu « chaotique » des mesures utilisées pour évaluer la santé et les soins de santé à travers le Canada.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas une bonne dose d’évaluations et de rapports sur la qualité et la performance de la santé et des soins de santé. Mais ces efforts sont surtout le fait d’une diversité d’organisations nationales, provinciales et régionales qui agissent essentiellement sans se coordonner entre elles. À cause de ce manque de coordination, les Canadiens ne tirent pas tout le parti possible des travaux intelligents, précis et coûteux effectués dans ce pays pour créer des mesures applicables à la performance du système de santé et à partir desquelles produire des rapports. Je crains que, jusqu’à maintenant, la somme de nos actions n’ait réussi qu’à produire plus d’échauffement que d’illumination.

Pour réaliser les objectifs de tout ce travail de mesure – en l’occurrence, pour stimuler et soutenir l’amélioration des soins de santé et contribuer à l’obligation redditionnelle envers le public, il nous faut plus que des indicateurs comparables, méticuleusement conçus, dont on fait rapport à l’échelle de l’établissement, de la région ou de la province par le biais de rapports publics conviviaux et destinés à accrocher l’attention des médias. Ils peuvent avoir de l’effet, mais ils peuvent aussi détourner l’attention et réorienter des ressources qui servent à développer et soutenir des évaluations plus localisées visant des améliorations.

C’est comme la politique – tous les soins de santé sont locaux. Les améliorations se produisent sur le plan des contacts entre les patients et les personnes qui leur offrent des services, ou elles ne se produisent pas du tout. Jusqu’à présent, nous avons, collectivement, trop fait confiance à une approche descendante – en espérant qu’en mettant en relief au niveau de la population des lacunes dans la performance ou la qualité nous pourrions stimuler et inspirer des améliorations dans les processus et les résultats des soins. Malheureusement, présenter des données sur les résultats de processus de soins en l’absence d’informations suffisantes sur les processus sous-jacents n’aide pas ceux qui sont responsables de la performance à réagir de façon hautement productive.
 
À l’avenir, il faut faire beaucoup plus attention et fournir aux équipes de prestation de soins de santé très localisées ( comprenant à la fois la fonction clinique et la fonction administrative) le soutien qu’elles nécessitent afin de pouvoir reconnaître les lacunes de leur performance et mesurer leurs progrès tandis qu’elles se concentrent sur des objectifs d’amélioration particuliers. Les mesures prises à ce niveau local n’ont pas toutes besoin d’être très standardisées ou comparables (quoiqu’il faudrait que quelques-unes le soient) – elles ont surtout besoin d’être très ponctuelles (tous les jours), très visibles et très significatives pour les personnes qui essaient de réaliser ces améliorations. Ce qui est important – là où le travail local d’amélioration doit être lié à des objectifs d’amélioration régionaux, provinciaux et nationaux –, c’est d’établir un lien, par le biais de cascades de mesures logiques ou arithmétiques, entre les mesures utilisées au niveau local et celles dont on se sert à l’échelon plus élevé.

Donc, Canada – continuons certainement d’investir dans l’élaboration d’indicateurs comparables dans l’ensemble du pays. Ils ont leur importance pour aider à comprendre les disparités dans la santé et dans les soins, et ils peuvent jouer un rôle dans leur amélioration. Toutefois – engageons-nous à travailler davantage à coordonner les activités des divers organismes qui mesurent la performance des soins de santé et renforcent cette capacité, afin d’éviter de causer des doubles emplois et des distractions. En ce qui concerne les mesures, permettons plutôt aux acteurs régionaux, provinciaux et nationaux de travailler de concert à la création de liens plus solides entre les processus des soins locaux et les ambitions plus vastes d’amélioration du système de santé.

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