Rechercher sur ce blogue

2 juin 2011

Un véritable renouvellement des soins de santé : l’essentiel, c’est l’information


Mike Barron est président et chef de la direction du Newfoundland and Labrador Centre for Health Information. Il siège aussi au conseil d’administration de COACH, l’Association canadienne d’informatique de la santé, et du Newfoundland and Labrador Centre for Applied Health Research.

Je suis un promoteur inconditionnel des mesures pour l’utilisation de l’information dans le système de santé. Le principe sur lequel se base ce « mouvement » est que le système de santé a besoin d’une meilleure information, non seulement en ce qui concerne l’amélioration des soins directs aux patients et de leur sécurité, mais aussi relativement à la gestion globale de l’ensemble du système intégré de santé. Pour ceux d’entre nous qui ont de l’expérience, cela fait plusieurs années que la durabilité et, essentiellement, la survie de notre système de santé canadien constituent un sujet de préoccupation. C’est grâce à un meilleur accès à l’information à tous les niveaux que nous découvrons et comprenons tout à la fois les difficultés et les possibilités d’amélioration du système de santé et de la santé de la population au Canada. Et surtout, compte tenu des objectifs de ce blogue, c’est l’utilisation de l’information par le système de santé qui a permis au Conseil canadien de la santé de fournir aux principaux décideurs et au public les résultats des efforts accomplis jusqu’à maintenant en vue de l’amélioration du système de santé du Canada.

Voilà pour les discours (pas vraiment)

L’expression « renouvellement des soins de santé » est devenue synonyme de grands changements et d’améliorations importantes qui ont été entrepris dans l’actuel système de prestation de soins et de soutien de la santé au cours des dernières années. Le Rapport de progrès 2011 : Renouvellement des soins de santé au Canada du Conseil canadien de la santé trace les grandes lignes, assorties d’un bulletin de notes, d’importantes initiatives récentes du renouvellement des soins de santé dans ce pays. Dans l’ensemble, sa vision des résultats est positive, ce qui est une bonne nouvelle pour tous les Canadiens. On trouve aussi dans ce rapport des indications sur la distance qui nous reste encore à parcourir, en tant que nation, pour relever, maintenant et à l’avenir, le difficile pari du système de santé. Ce document regorge d’informations, mais attention, il vaut la peine d’être lu.

En tant que contribuable et également dans mon rôle de dirigeant du système de santé, j’éprouve un certain réconfort et une certaine satisfaction à la vue des progrès accomplis grâce aux priorités et aux investissements ciblés de nos responsables fédéraux, provinciaux et territoriaux. Les investissements dans l’amélioration des délais de prestation de services ainsi que dans l’infrastructure et l’infostructure que celle-ci exigeait, affichent de plus en plus de valeur résultante, même en ces années formatrices du renouvellement des soins de santé (oui, nous en sommes encore aux toutes premières phases, même après toutes ces années).  

À Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons déjà fait un bon bout de chemin en matière de mise en œuvre des dossiers de santé électroniques (DSE). En ce moment, nous en sommes au quart du chemin en matière d’intégration des pharmacies communautaires au système provincial d’information sur les médicaments et nous avons déjà vu plusieurs cas où la sécurité des patients s’était améliorée. Les évaluations des avantages postimplantation de notre système DI/PACS et de nos initiatives de télésanté, qui s’étendent à l’ensemble de la province, ont été positives. Les raisons pour lesquelles nous avons besoin d’un investissement national supplémentaire dans les DSE sont d’autant plus évidentes. Le parcours des DSE n’en est qu’à ses premières étapes dans ce pays; à l’échelon des entités, ils ne sont pas disponibles partout et n’ont pas encore été adoptés globalement. Toutefois, avec les investissements communs qu’ont faits jusqu’à présent l’Inforoute Santé Canada et les instances, les progrès ont été, en général, remarquables.

L’un des messages sous-jacents les plus réconfortants du rapport porte sur la constatation du besoin d’informations plus abondantes et plus sûres pour établir les priorités et évaluer les décisions qui touchent les investissements. Étant donné la part disproportionnée (actuellement plus de 50 % du total dans certains cas, et les coûts continuent de s’élever) que les provinces accordent au système de santé dans leurs dépenses budgétaires, il est nécessaire de mesurer les effets des changements et des investissements dans des secteurs de prestation ciblés afin soit de valider des investissements ultérieurs, soit d’éviter une escalade d’engagements dont le rendement n’aurait que peu ou pas de valeur. C’est ce que font les entreprises qui réussissent, et c’est ce que le système de santé doit faire pour mener à bien un renouvellement des soins de santé fondé sur des preuves.

C’est pourquoi nous devons concevoir des systèmes et des processus qui ne se contentent pas de fournir plus de valeur directe, mais qui apportent aussi à la prise de décision concernant de grands investissements des informations permettant de maximiser leur valeur pour le système de santé et, bien sûr, pour le patient. Ne vous y trompez pas, ce besoin d’informations ne suppose pas des économies d’argent, mais assure plutôt que l’argent et les ressources disponibles sont affectés aux secteurs qui vont en tirer le meilleur parti.

Le moteur principal des coûts du système de santé, ce sont les attentes et les exigences de la population. Comme l’indique ce rapport, il arrive que nos indicateurs nous induisent en erreur : par exemple, toutes les personnes inscrites sur une liste d’attente pour une IRM n’en ont pas toujours besoin. Ce document signale aussi que les services téléphoniques de conseils de santé peuvent constituer un moyen efficace d’aider les gens à comprendre qu’il existe d’autres possibilités que le service des urgences. On note également que l’on ne possède pas beaucoup de preuves de leur efficacité réelle. En Ontario, on diffuse actuellement des annonces dans le but d’aider les gens à déterminer l’endroit le plus approprié où présenter leurs besoins en soins de santé primaires. Cette campagne est-elle efficace? J’espère qu’on évaluera cette initiative et qu’on en communiquera les résultats.

D’un point de vue purement professionnel et personnel, j’aimerais qu’on accorde plus d’importance à un financement qui permettrait de faire connaître et d’implanter à l’échelle du pays des pratiques exemplaires dans le domaine de la prestation des soins de santé. Nous devons profiter des leçons apprises. Je serais aussi favorable à une campagne nationale de sensibilisation qui pourrait commencer à modifier les attentes du public relativement à la qualité des soins de santé. Beaucoup de citoyens estiment qu’ils ne reçoivent de bons soins de santé que lorsqu’on les aiguille vers un spécialiste, qu’on effectue un examen IRM à point nommé ou qu’ils sortent du cabinet du médecin une ordonnance à la main.

Encore une fois, il s’agit d’avoir une information de qualité.

Espérons que nos représentants fédéraux, provinciaux et territoriaux continueront d’obtenir des informations exactes et utiles qui leur permettront de continuer à promouvoir la valeur comme moteur de l’amélioration du rendement du système de santé à petite comme à grande échelle. Alors que s’amorcent les discussions en vue d’un quelconque nouvel accord national sur la santé, espérons que cette information leur permettra de prendre de bonnes décisions en notre nom à tous. J’attends avec impatience le prochain rapport du Conseil.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire