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27 septembre 2011

La participation des patients est le fruit de la confiance

Arlene Hache est la directrice générale du Centre pour les familles du Nord à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Ce centre offre une vaste gamme de services qui apportent un soutien aux familles marginalisées et soumises à de nombreux stress. Arlene Hache est bien connue dans le Nord pour ses prises de position en faveur du changement social. Elle fait partie des partenaires fondateurs à l’origine de programmes thérapeutiques et de services de soutien à domicile conçus pour aider les familles qui surmontent des traumatismes causés par la colonisation et la violence continuelle. En 2009, Arlene a reçu l’Ordre du Canada pour son travail dans le Nord.

Étant moi-même une patiente qui manque régulièrement à l’appel, il m’est arrivé, au cours de réunions communautaires, de voir des médecins, des infirmières et des planificateurs des services de santé essayer de résoudre les problèmes de perte de temps et d’argent que nous leur causons, d’autres patients et moi, en ne nous présentant pas à nos rendez-vous médicaux. Ils paraissaient perplexes et frustrés. Cela m’a surprise, car je ne me rendais pas compte à quel point mes décisions personnelles, qui dépendaient simplement de mon état d'esprit du jour, avaient des répercussions systémiques. Tous ceux qui participaient à ces réunions étaient décidés à améliorer le système de santé et ses interventions auprès des populations marginalisées. À la suite de ces discussions, j’ai réfléchi aux raisons de mon propre comportement et je me suis souvenue de nombreuses conversations, au fil des années, avec des femmes qui me parlaient de ce qu’elles avaient vécu lors de leurs interactions avec le système de soins de santé.    

Dans mon cas, cela se résumait essentiellement aux résidus d’une vieille tendance à la haine de soi qui se manifestait sous la forme d’un souci occasionnel pour ma santé. D’autres femmes, en particulier celles qui venaient de petites collectivités du Nord et qui étaient hébergées au refuge, présentaient des comportements similaires. Parmi les autres facteurs qui créaient des obstacles pour les femmes des Premières Nations ou les Inuites figuraient le faible niveau de littératie, l’anglais comme langue seconde, les différences culturelles et un sentiment de défiance ou de malaise à l’égard des prestateurs de services classiques. Ce sont ces difficultés qui ont poussé à la création d’une clinique de proximité au centre de ressources familiales à Yellowknife, grâce à un partenariat réunissant le collège local, une clinique médicale et l’autorité sanitaire régionale. Cette clinique sans rendez-vous était ouverte un jour par semaine. Elle était accessible au public, mais située dans le même édifice que le refuge pour les femmes sans-abri. Elle a aussi servi de bureau pilote à la mise en œuvre dans le Nord de l’équipe médecin-infirmière praticienne.

Les résultats se sont révélés intéressants et les bénéfices, immédiats. Le médecin et les infirmières praticiennes se sont adaptés parfaitement à la nature chaotique du centre de ressources familiales. Les remplaçants, par contre, beaucoup moins. Nous avons appris qu’il fallait avoir un certain type de personnalité pour travailler avec succès en milieu communautaire. Dans la cuisine, des membres de la population se mêlaient aux femmes du refuge pour prendre un café en mangeant de la banique. Au premier abord, les membres des deux groupes semblaient hésitants les uns envers les autres, mais, avec le temps, on a vu apparaître des relations réellement cordiales et un sentiment de bien-être. Nous avons découvert que les services en milieu communautaire permettaient de renforcer la compréhension et l’acceptation interculturelles. Les quelque 24 à 30 femmes hébergées dans le refuge se présentaient régulièrement à la clinique. Une aînée qui ne parlait pas anglais et qui boitait depuis plusieurs années à cause d’une blessure non soignée a enfin reçu un diagnostic et a pu être opérée de la hanche. Des femmes souffrant de problèmes de santé mentale et de toxicomanie ont obtenu immédiatement du soutien et ont été correctement aiguillées, ce qui a réduit les taux d’incarcération. Nous nous sommes rendu compte qu’en plaçant les services là où se trouvent les gens, dans un milieu où ils se sentent en confiance, nous éliminions les obstacles. Cela fait cinq ans que la clinique est ouverte et ç’a été une expérience extraordinaire. Maintenant encore, 45 personnes environ se présentent à la clinique chaque jour.  

Mots Clés: Soins de santé primaires, Accès au soin dans le nort

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