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11 septembre 2013

Attendre des soins de santé : c’est mauvais pour l’économie

Dre Anna Reid, présidente, Association médicale canadienne

Dans son tout dernier rapport, l’Alliance sur les temps d’attente a fait savoir que trop de Canadiens continuent d’attendre trop longtemps pour obtenir toute une gamme de soins médicaux nécessaires (voir http://www.waittimealliance.ca/2013/2013-WTA-Report-Card_en.pdf). En outre, les Canadiens attendent plus longtemps pour obtenir des soins que les citoyens de la plupart des autres pays industrialisés. Ces longues attentes se produisent non seulement dans le secteur des soins spécialisés, mais aussi des soins primaires et des services d’urgence.

Les temps d’attente peuvent varier considérablement entre les provinces, et entre les différents segments de la population. Ainsi, les patients à faibles revenus ont plus de difficultés à obtenir des soins primaires et certains types de soins spécialisés que les Canadiens à hauts revenus. La période d’attente dépend de l’endroit où vous résidez, de votre niveau de revenu et de votre sexe.

Les longues attentes peuvent avoir de graves répercussions sur l’état de santé. On sait que pour certaines maladies comme le cancer, les maladies du cœur et les troubles mentaux, plus les patients attendent un traitement, et pires sont les résultats. Il faut ajouter à cela le poids de l’anxiété mentale et de l’incertitude liées à l’attente des soins requis.

Les retombées ne se font pas uniquement sentir sur la santé des patients. Pour les patients et leur famille, une longue attente peut entraîner des pertes substantielles de revenu, surtout en l’absence d’assurance pour couvrir cette période d’inactivité économique. Une longue attente peut aussi provoquer une grave détérioration de l’état de santé du patient et exiger une plus longue période pour son rétablissement, causant des pertes de revenu supplémentaires.

Les lourds coûts financiers des longues attentes pour les patients et pour l’économie canadienne ont été documentés. Une étude préparée par le Centre for Spatial Economics pour l’AMC et la British Columbia Medical Association a calculé les répercussions économiques des temps d’attente excessifs pour cinq interventions (arthroplasties de la hanche et du genou, IRM, pontages aorto-coronariens et chirurgies de la cataracte) dans 10 provinces. Cette étude a conclu que, en 2007, outre le fardeau émotionnel, physique et financier qui pèse clairement sur les patients et leur famille, les longues attentes pour ces interventions ont globalement coûté environ 14,8 milliards $ au Canada, en raison d’une réduction de l’activité économique. Du coup, les revenus des gouvernements fédéral et provinciaux ont accusé une perte de 4,4 milliards $. Soulignons que cette étude s’est uniquement penchée sur un nombre restreint d’interventions médicales et qu’elle ne sous-évalue donc pas le coût complet des temps d’attente des Canadiens pour une vaste gamme de services.

Il y a moyen d’éviter les longs temps d’attente. Un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a évoqué plusieurs stratégies suivies avec succès par d’autres pays pour réduire les temps d’attente dans le domaine médical (http://www.oecd.org/health/waitingtimepolicies.htm). Ces stratégies consistent notamment à changer la manière de financer les hôpitaux, à mettre en place de solides garanties de temps d’attente et à recourir aux technologies de l’information pour mieux suivre et gérer les temps d’attente des patients. Comme l’a déclaré tout récemment le Dr Chris Simpson, président de l’Alliance sur les temps d’attente, la solution pour parvenir à réduire les temps d’attente n’est pas uniquement d’y consacrer plus d’argent. Des changements structurels s’imposent, outre le financement, pour obtenir durablement une réduction des temps d’attente tout au long du continuum de soins.

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