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16 décembre 2011

Mon expérience de la santé mentale

Paolo Scotti fait actuellement un travail de soutien par les pairs au sein de l’Équipe de traitement dynamique, à l’Association canadienne de la santé mentale, dans l’ouest du Grand Toronto. Il vit avec bonheur sa phase de transformation entre « maladie » et « rétablissement ».

Je m’étais toujours considéré en très bonne santé. Ma confiance dans mes forces mentales et physiques était si grande que j’en étais arrivé à ignorer avec arrogance la fragilité de la vie. Quand j’ai été admis au service de psychiatrie d’un hôpital général, à la suite d’une crise psychotique, à l’âge de 31 ans, j’ai donc été complètement dévasté et handicapé. Je ne le savais pas alors, mais cette crise marquait le début d’une schizophrénie chronique. Je ne crois pas que les symptômes physiques de la schizophrénie étaient mes pires ennemis.

Ce qu’il y a eu de plus détrimental, sans doute, ce sont la réaction et les jugements d’autrui, y compris ceux de certains professionnels de la santé mentale, quand j’ai été hospitalisé la première fois en 1992. Par exemple, le psychiatre de mon hôpital ne m’a été d’aucun appui. Il se montrait irrité, impatient, me manquait de respect au lieu de me traiter comme un être humain à part entière. Je n’ai aucun problème d’estime personnelle, de valeur personnelle. J’étais simplement un homme en situation de vulnérabilité, qui se tournait vers des « professionnels » pour trouver un appui et des conseils, car il ne comprenait vraiment pas ce qui lui arrivait. J’espérais trouver de la compassion, de l’empathie, et surtout de la compréhension et des explications. Mais on m’a amené à croire que tout ce qui m’arrivait était de ma faute.

Par exemple, quand j’avais des difficultés à m’exprimer en raison de mes troubles de la pensée (un des symptômes de la schizophrénie, dont personne ne m’avait parlé alors que j’étais hospitalisé depuis plus d’une année), on m’a accusé de me répéter et on m’a dit que c’était « vraiment ennuyant ». Ou bien, quand je parlais de la force de ma foi religieuse, on me montrait un mépris complet, on me déchirait, on me traitait d’idiot et on me ridiculisait. Je ne demande pas aux autres de partager ma foi, mais pourquoi ne pas respecter ma vision du monde, surtout s’il s’agit peut-être d’une question de vie et de mort? Quand on est très malade, on n’est pas moins humain, pas dépourvu de sentiments.

Après mon hospitalisation, ma travailleuse communautaire s’est montrée incroyablement disrespectueuse elle aussi. Elle n’en avait rien à faire de mes objectifs, de mes désirs, des besoins que j’avais exprimés de trouver un emploi. Par contre, elle m’a littéralement imposé son idéologie (en fonction d’objectifs sociaux). Elle ne m’a pas écouté, n’a pas respecté mes systèmes de soutien. Elle a trouvé problématique le fait que je vive chez ma mère, alors que celle-ci représentait un appui considérable pour moi.

Heureusement, les choses semblent avoir changé radicalement au cours des 20 dernières années. Maintenant je travaille dans un groupe de soutien par les pairs, dans un organisme communautaire de santé mentale. Chaque jour, je vois le travail extraordinaire accompli par des gens remarquables. Le système de santé mentale doit encore évoluer, mais actuellement il s’oriente davantage vers la guérison, il est mieux axé sur les forces, sur le patient, sur le bien-être et sur les traitements plus holistiques.

Mais en rétrospective, en toute honnêteté, et sans dramatiser, si je n’avais pas été bien soigné, si ma mère n’avait pas été là (source incroyable d’espoir et d’amour inconditionnel), et si je n’avais pas eu la foi, je ne serais peut-être pas en vie aujourd’hui. Je crois que j’aurais vraiment envisagé de me suicider. À mon avis, tous les gens autour de moi, y compris des professionnels de la santé mentale dans mon hôpital et ma communauté, ont lamentablement échoué. J’ai peut-être tout simplement joué de malchance. Actuellement, mon seul soutien professionnel de santé mentale est un psychiatre formidable. Toute ma famille m’appuie beaucoup, maintenant qu’elle comprend. Mais il est important de dire que certains professionnels, qui sont censés être formés pour vous aider quand vous êtes en grande vulnérabilité, peuvent vraiment vous faire du mal et vous pousser au-delà de toute limite si vous ne faites pas attention.

Mots Clés: Participation des Patients

1 commentaire:

  1. Vraiment dommage pour toi, mais merci Dieu de ta guérison. La foi religieuse en toi t'a fait guérir de ton maladie.

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